Le décalogue aujourd’hui

Le décalogue aujourd'hui

Epitre de Jacques 3, Deutéronome 5:6–21

Des trois textes du jour, l’exhortation de Moïse à suivre les dix commandements, l’épitre de Jacques incitant à pratiquer la charité selon les élans du cœur, l’évangile de Marc disant que ce qui souille l’homme c’est ce qui en sort, je me suis demandé qu’est-ce-qui les liait.

A la réflexion, je dirais qu’il s’agit de nos œuvres, de nos actes sur terre.

Dans le Deutéronome, on lit qu’une seule désobéissance a privé Moïse d’entrer dans le bon pays promis par l’Éternel. Il est donc mieux placé que quiconque pour exhorter le peuple à obéir aux ordonnances de l’Éternel «afin — dit-il — que vous entriez dans le pays…» (v. 1). C’est comme s’il leur disait: Qu’il ne vous arrive pas comme à moi: écoutez et pratiquez bien les commandements de l’Éternel! «Ce sera là votre sagesse et votre intelligence», insiste l’homme de Dieu (v. 6). En obéissant à la volonté de Dieu, nous mettons de côté notre volonté propre, nous laissons place à la sagesse d’en haut qui se substitue à la nôtre (Jacq. 3:17 Jacq. 3.13-18). Il s’ensuit que garder la Parole, c’est en même temps «garder soigneusement notre âme» (v. 9).

L’autorité de cette Parole divine est confirmée; Moïse rappelle dans quelles conditions et avec quelle solennité elle a été communiquée.

«Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien» (v. 2 et aussi ch. 13 v. 1 dt 13.1). Bien des personnes, réputées chrétiennes, ajoutent à l’Écriture des traditions, des superstitions et des façons de voir humaines. D’autres retranchent les pages qui les gênent ou celles qu’elles ne comprennent pas. L’un est aussi coupable que l’autre (lire Apoc. 22:18, 19 ap 22.18-21).

L’épître de Jacques ne s’adresse pas à l’Assemblée et ne se revêt pas de l’autorité apostolique à l’égard de ceux auxquels elle est envoyée. Elle est une exhortation pratique qui reconnaît encore les douze tribus et la relation des chrétiens juifs avec elles, de même que Jonas s’adressait aux gentils, quoique le peuple juif eût sa place devant Dieu. Ainsi l’Esprit de Dieu reconnaît encore ici la relation de Dieu avec Israël (comme dans le cas de Jonas, il reconnaît des relations avec les gentils), et les droits de Dieu qui sont inaltérables, quels que soient, d’ailleurs, les privilèges spéciaux accordés à l’Assemblée ou à Israël respectivement. On sait que, historiquement, les chrétiens juifs sont restés Juifs jusqu’à la fin de l’histoire du Nouveau Testament. Ils étaient même zélés pour la loi : chose étrange pour nous, mais que Dieu a supportée pour un temps !

La doctrine du christianisme n’est pas le sujet de cette épître. Elle donne à Dieu sa place dans la conscience, et à l’égard de tout ce qui nous entoure. Elle ceint ainsi les reins du chrétien, en plaçant aussi devant lui la prochaine venue du Seigneur et la discipline qu’il exerce actuellement — discipline à l’égard de laquelle l’Assemblée de Dieu devait avoir de l’intelligence et une activité fondée sur elle. Le monde aussi, et tout ce qui dans ce monde élève et donne de l’apparence, est jugé au point de vue de Dieu

Il est important de remarquer la mesure morale de vie que cette épître présente. Du moment que nous saisissons la position dans laquelle elle envisage les croyants, le discernement de la vérité sur ce point n’est pas difficile. C’est la même mesure morale de vie que Christ présentait lorsqu’il marchait au milieu d’Israël, plaçant devant ses disciples la lumière et les relations avec Dieu, qui résultaient pour eux de sa présence. Sans doute, il était maintenant absent ; mais cette lumière et ces relations sont maintenues comme mesure de responsabilité ; et c’est ce que le retour du Seigneur devait faire valoir en jugement, contre ceux qui refusaient d’accepter de marcher selon cette lumière et ces relations. Jusqu’à ce jour-là, les fidèles devaient avoir patience au milieu de l’oppression dont ils souffraient de la part des Juifs qui blasphémaient encore le saint nom invoqué sur eux [(2:7)].

Les principes fondamentaux de la position dont nous venons de parler, sont ceux-ci : la loi dans sa spiritualité et dans sa perfection, telle que Christ l’a exposée et résumée ; une vie communiquée, qui a les principes moraux de la loi, une vie divine ; la révélation du nom du Père. Tout cela était vrai quand le Seigneur était sur la terre, et c’était le terrain sur lequel il avait placé ses disciples, quelque pauvre qu’ait été l’intelligence qu’ils en avaient. Il leur avait dit qu’ils devaient, après sa mort, en être les témoins, comme de tout ce qu’il avait dit, distinguant ce témoignage de celui du Saint Esprit.

La loi donnée en Sinaï écrite non sur le cœur, mais en dehors de l’homme, exprimait ce que la conduite et le cœur doivent être selon la volonté de Dieu. Elle réprime et condamne tous les mouvements de l’homme naturel, et ne peut lui permettre d’avoir une volonté, car il doit faire la volonté de Dieu. Or il a une autre volonté et par conséquent la loi est pour lui une servitude, une loi de condamnation et de mort. [1:18] Or, Dieu nous ayant engendrés par la Parole de la vérité, la nature que nous avons, en tant qu’ainsi nés de Dieu, a des goûts et des désirs conformes à cette Parole : elle est de cette Parole même. [1:25] La Parole dans sa propre perfection développe cette nature, la forme, l’éclaire, comme nous l’avons dit ; mais la nature même a sa liberté en suivant ce que cette Parole dit. Il en a été ainsi de Christ : si l’on avait pu lui ôter sa liberté, ce qui spirituellement était impossible, ç’aurait été en l’empêchant de faire la volonté de Dieu son Père.

Il en est de même du nouvel homme en nous (ce nouvel homme est Christ, comme vie en nous), qui est créé en nous, selon Dieu, en justice et en vraie sainteté, produites en nous par la Parole qui est la parfaite révélation de Dieu, de l’ensemble de la nature divine dans l’homme : ce dont Christ, la Parole vivante, l’image du Dieu invisible [(Col. 1:15)], est la manifestation et le modèle. La liberté du nouvel homme est la liberté de faire la volonté de Dieu, d’imiter Dieu dans son caractère comme étant son cher enfant, selon que ce caractère a été présenté en Christ. [1:25] La loi de la liberté est ce caractère, comme il est révélé dans la Parole ; et la nouvelle nature trouve sa joie et sa satisfaction dans ce caractère de Dieu révélé en Christ, comme elle tire son existence de la Parole qui le révèle et du Dieu qui y est révélé.

Il y a donc une continuité entre les deux premiers textes du jour. Le troisième, l’évangile de Marc rapportant les paroles du Christ verset 23 « Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur  » présente une rupture. Mais nous verrons qu’il concorde avec l’Epitre de Jacques. En effet le Christ parle ainsi après avoir stigmatisé les Pharisiens qui s’attachent à l’observance des dix commandements et à toutes les prescriptions de la loi juive; et négligent totalement l’esprit qui en avait été la source.

Evidemment, comme tout bon orateur, Jésus utilise le contraste afin d’accrocher l’intérêt de ses auditeurs. Il prend le contrepied des strictes règles juives concernant la nourriture. Certainement, les excréments de ce que nous mangeons nous souillent. Bien au-delà, le Christ rappelle à tous ceux qui s’attachent à la matérialité des souillures n’ont rien compris, ou ne veulent rien comprendre. Ils prennent tout au premier degré, et ça les arrange. Dans cette optique, tous les métiers en contact avec des choses réputées « sales » comme les déchets, le sang, les viscères… sont moralement dégradants. Je ne m’attarderai pas sur l’extrême utilité de ces métiers, boucher, éboueur, médecin, chirurgien… sans lesquels la vie serait insupportable. Je dirai même  qu’il y a une immense noblesse du cœur à se charger des tâches auxquelles beaucoup répugnent.  Jésus veut surtout faire comprendre que suivre scrupuleusement des préceptes régissant la vie matérielle en se persuadant que cela suffit en matière de foi, est une illusion bien facile. Car la foi vient du cœur. Si elle y est bien ancrée, il n’y a pas besoin de se référer à un catalogue de comportements pour savoir que faire en toute circonstance. Il suffit de reprendre sa bible et ses évangiles pour imiter les actes de Notre Seigneur, sans se cantonner à leur lettre. Nos actes mauvais indiquent une corruption intérieure, et nous n’avons que trop tendance, comme Ponce Pilate, à nous en laver les mains.

Les protestants accordent une grande importance aux dix commandements, considérant d’une part qu’ils occupent une place centrale dans l’Ancien Testament et d’autre part que Jésus s’est abondamment appuyé sur eux, les commentant et les actualisant, notamment dans son Sermon sur la Montagne. Logiquement, les catéchismes protestants commentent et expliquent les dix commandements, qu’ils considèrent comme des éléments fondamentaux de la foi chrétienne.

Qu’en est-il aujourd’hui, dans notre société occidentale? Les quatre premiers commandements, sont d’une observance facile pour un chrétien,

  1. Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
  2. Tu ne te feras aucune image taillée – ce second commandement, sorti de son contexte historique à une époque où les sculptures revêtaient couramment un pouvoir magique, pourrait entrainer le crépuscule de l’art si nous l’appliquions stricto sensu dans la vie laïque.
  3. Tu ne prendras pas en vain (ou tu ne rendras pas vain) le nom de Jéhovah.
  4. Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier – ce quatrième commandement est impossible à appliquer dans certaines professions comme pompier, médecin urgentiste…

Les commandements suivants concernent la vie sociale ;

  1. Honore ton père et ta mère – Nous voyons de plus en plus à quel point ce commandement disparait autour de nous, ainsi que l’illustrent de nombreuses émissions de télé réalité. Par ailleurs, le traitement des fins de vie de nos ascendants fait parfois peu de cas de leur dignité.
  2. Tu ne tueras point – Difficile à dire à des militaires en Afghanistan où à des policiers menacés par des terroristes.
  3. Tu ne commettras point d’adultère – A l’époque du PACS et de l’union libre, ça parait tout à fait dépassé.
  4. Tu ne déroberas point.
  5. Tu ne témoigneras pas mensongèrement contre ton prochain.
  6. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain – En revanche, ces trois derniers commandements demeurent, dans l’ensemble, appliqués, bien qu’il y aurait beaucoup à dire sur certains bénéfices commerciaux ou bancaires.

Si l’on reprend la lettre du Deutéronome citée précédemment «Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien», nous sommes tous plus ou moins apostats. Que faire alors? S’enfermer dans un ermitage et s’éloigner de toute relation sociale? Je ne crois pas que ce soit ce que Dieu veut pour nous. Le passage du Christ sur cette terre et son compte rendu dans les évangiles, ainsi que l’épitre de Jacques nous montrent la voie : « 12 Parlez et agissez comme des gens qui vont être jugés par une loi de liberté ».

Cette liberté nous est donnée dans le cadre de la foi et doit apparaitre à travers notre vie et nos œuvres, en dehors de toute observance bornée de préceptes historiques que nous devons actualiser. Pour reprendre le canon de notre religion, répété dans chaque culte « « Vous avez été appelés a être libres. Seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon les désirs de votre nature. Au contraire, laissez-vous guider par l’amour, pour vous mettre au service les uns des autres. Car toute loi se résume en ce seul commandement : Aime ton prochain comme toi même »

Il n’y a rien à ajouter. Que chacun fasse en son âme et conscience.

Amen

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