Cultes Draguignan / St Raphael  du 8 janvier 2017

Cultes Draguignan / St Raphael  du 8 janvier 2017

Parabole des ouvriers dans la vigne

 

Cultes Draguignan / St Raphael  du 8 janvier 2017

Pasteur Stefano Mercurio  

 

 

Matthieu 20, 1-16

1« Voici, en effet, à quoi ressemble le Royaume des cieux : Un propriétaire sortit tôt le matin afin d’engager des ouvriers pour sa vigne. 2 Il convint avec eux de leur payer le salaire habituel, une pièce d’argent par jour, et les envoya travailler dans sa vigne. 3 Il sortit de nouveau à neuf heures du matin et en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire. 4 Il leur dit : “Allez, vous aussi, travailler dans ma vigne et je vous donnerai un juste salaire.” 5 Et ils y allèrent. Le propriétaire sortit encore à midi, puis à trois heures de l’après-midi et fit de même. 6 Enfin, vers cinq heures du soir, il sortit et trouva d’autres hommes qui se tenaient encore sur la place. Il leur demanda : “Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans rien faire ? ” 

7 “Parce que personne ne nous a engagés”, répondirent-ils. Il leur dit : “Eh bien, allez, vous aussi, travailler dans ma vigne.”

8« Quand vint le soir, le propriétaire de la vigne dit à son contremaître : “Appelle les ouvriers et paie à chacun son salaire. Tu commenceras par les derniers engagés et tu termineras par les premiers engagés.” 9 Ceux qui s’étaient mis au travail à cinq heures du soir vinrent alors et reçurent chacun une pièce d’argent.10 Quand ce fut le tour des premiers engagés, ils pensèrent qu’ils recevraient plus ; mais on leur remit aussi à chacun une pièce d’argent. 11 En la recevant, ils critiquaient le propriétaire 12 et disaient : “Ces ouvriers engagés en dernier n’ont travaillé qu’une heure et tu les as payés comme nous qui avons supporté la fatigue d’une journée entière de travail sous un soleil brûlant ! ” 13 Mais le propriétaire répondit à l’un d’eux : “Mon ami, je ne te cause aucun tort. Tu as convenu avec moi de travailler pour une pièce d’argent par jour, n’est-ce pas ? 14 Prends donc ton salaire et va-t’en. Je veux donner à ce dernier engagé autant qu’à toi. 15 N’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon argent ? Ou bien es-tu jaloux parce que je suis bon ? ” 16 Ainsi, ajouta Jésus, ceux qui sont les derniers seront les premiers et ceux qui sont les premiers seront les derniers. »

 

 

Elle est bien gênante cette parabole des ouvriers de la onzième heure. Car elle prétend que l’on peut payer autant celui qui travaille depuis le matin et celui qui n’a pu être embauché qu’à la onzième heure.

Pour contourner cette embarrassante situation les interprètes  d’origine grecque  ont dit : Il faut interpréter la parabole de façon allégorique : le sens caché de l’histoire se trouve dans un jeu de correspondances. Dans notre cas, le maître de la vigne, c’est Dieu, les vignerons ce sont les disciples, l’ouvrier de la première heure est celui qui s’est converti dès le début. Celui de la onzième heure s’est converti à la dernière minute ; mais il touche le même salaire que les autres, c’est-à-dire le salut éternel. Le sens de l histoire ne serait pas à chercher dans la réalité sociale mais dans le ciel, dans la grâce pour tous… Les pères de l’Eglise  ont souvent utilisé l’explication allégorique ;  ils arrivent ainsi á contourner bien des difficultés

Malheureusement, …..le milieu juif, au sein duquel vivait Jésus, n’utilisait pas cette manière de s’exprimer, venue de la culture grecque.

Nous devons donc revenir à une lecture plus littérale et redescendre un peu sur terre.

 

Jésus, en faisant remarquer que celui qui n’a pu trouver du travail qu’en fin d’après-midi, peut bénéficier du même salaire que celui qui a été embauché dès le matin, aborde en fait la difficile articulation entre la justice et la solidarité.

Nous pensons souvent que pour comprendre les choses il faut toujours distinguer entre justice et amour

Choisir : justice ou amour

Avec cette parabole Jésus nous invite à aller plus en profondeur.  En premier lieu , une pièce d’argent était le salaire minimum pour garantir à un ouvrier et à sa famille  de quoi se nourrir et se chauffer pour un jour.

Si tu lui donnes moins qu’une pièce d’argent tu lui donnes moins que le minimum vital et tu deviens complice d’un système économique mondial où les pauvres sont exploités.

795 millions de personnes dans le monde souffrent encore de la faim.

Le minimum vital correspond à la quantité minimale de ressources économiques dont doit disposer un individu pour pouvoir subvenir à ses besoins primaires.

Et si tu lui donnes moins que ce qu’il faut pour lui garantir la vie, tu trahis l’invitation du Christ à être miséricordieux et tu trahis aussi l’ invitation à être juste car, finalement , il ne faut jamais oublier que la terre appartient à Dieu et non pas aux homme.  Dieu, le patron de la vigne  a créé ce monde avec ses ressources, ses richesses ;  « Il faut que tu saches que la terre appartient à Dieu – dira Moise au Pharaon…… Dieu reste le maître de ce monde, et   produit tout ce qu’il faut pour garantir la vie aux 7 milliards d’êtres vivants qui y habitent…. La justice est que chaque être humain ait sa nourriture journalière.

Donc garantir  le minimum vital n est pas seulement de l’ordre de la miséricorde, de la solidarité mais de la justice dans la création,  vu que finalement la terre  appartient à Dieu, et à Dieu seulement

Les êtres humains sont installés sur son sol pour le cultiver, pour le protéger et le garder en bonne santé avec tous ses richesses naturelles : ils son les gardiens du règne animal, végétal et minéral ; à tous ceux qui murmurent contre cette vérité que Jésus rappelle avec notre parabole, le patron de la vigne répond : « prends ton salaire et va-t-en  ( je ne veux plus te voir en ma présence)…Tu n appartiens pas à l ordre de la création mais à  son désordre » … bref la réponse du patron de la vigne est très dure.

 

Mais il y a aussi un deuxième aspect, et celui là concerne sans doute la miséricorde :

Il est fortement possible que ceux de la onzième heure n’étaient pas très costauds, ni très attirants.

Ils n étaient pas les plus performants et cela explique qu’ils n’ont pu être embauchés  si tardivement : ils étaient les plus âgés, mal nourris, de toute façon les moins prometteurs parmi  tous les candidats sur place. Le patron aurait pu attendre le lendemain pour embaucher à nouveau les meilleurs ouvriers qui étaient sur le marché … mais ici le patron de la vigne porte beaucoup plus d intérêt au bien social de sa ville qu’à la production de sa vigne et au revenu de son entreprise.  Paolo Ricca écrivait que le travail pour un homme est très important : il le réconcilie avec lui même, il lui permet une sobriété morale car durant le travail les esprits mauvais qui l’habitent  se taisent et il est consacré à sa réalisation personnelle ; il devient utile pour les autres et prépare  un temps de repos où il va disposer d’un peu d’argent pour s’ amuser et être heureux.

Jésus bouscule ici les principes de justice et de solidarité de son époque. Ces principes n’appartiennent pas à ce monde mais au Royaume des cieux que Christ a inauguré déjà sur cette terre grâce au renouvellement de la vie de ses disciples…  Le monde ne comprend pas ce propriétaire d’une grande vigne…. et ses disciples ? Comment les disciples raisonnent-ils ? Selon la logique du vieux monde ou la logique de la nouvelle humanité à laquelle est offerte le royaume et tout ce qui caractérise ce royaume..  Tous ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique sont déjà concitoyens du Royaume de Dieu , sel et levain de ce monde qui attend la manifestation des enfants de Dieu. Vous voyez que la parole de Dieu nous invite donc à une décision,  comme le Christ l’a dit à ses disciples : «  Personne ne peut servir deux maîtres. En effet, ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera fidèle à l’un et il méprisera l’autre »

Á mon tour je vous présente aussi mes vœux que je pourrais résumer ainsi :  « Soyons bien enracinés dans ce monde tout en restant porteur et porteuse d’un monde nouveau : le monde nouveau dont le Christ est le premier né »

 

. Amen

 

 

 

Contact