Culte du dimanche 2 juillet 2017 – Draguignan et Saint Raphaël

Culte du dimanche 2 juillet 2017 – Draguignan et Saint Raphaël

Le baptème

 

Prédication du dimanche 2 juillet 2017 – Draguignan et Saint Raphaël

Romains 6, 3 à 11 ; Matthieu 10, 37 à 42:

 

 

Romains 6, 3 à 11 :

 

«3 Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés?

4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.

5 En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection,

6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché;

7 car celui qui est mort est libre du péché.

8 Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui,

9 sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la mort n’a plus de pouvoir sur lui.

10 Car il est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie, et c’est pour Dieu qu’il vit.

11 Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus Christ.»

 

Matthieu 10, 37 à 42 :

 

«37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi;

38 celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.

39 Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.

40 Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

41 Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète recevra une récompense de prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste recevra une récompense de juste.

42 Et quiconque donnera seulement un verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense.»

 

 

A l’écoute des textes du jour, il est légitime de se sentir plus ou moins mal à l’aise.

Un sentiment de malaise qui souligne la particularité du aux propos et à la particularité du vocabulaire utilisé.

L’Evangile selon Matthieu nous bouscule en ce sens qu’il nous prévient que l’attachement filial à nos enfants où à nos parents doit être moins important que de suivre Jésus.

Cet amour légitime pour nos proches, nos géniteurs et nos enfants, serait même susceptible de nous rendre indignes de Jésus-Christ, s’il était plus abondant ?

Voilà une position choquante qui semble altérer le commandement second, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Et l‘Evangéliste Matthieu insiste en évoquant notre propre vie et notre mort.

Il affirme qu’il nous faut perdre la vie pour être digne de Jésus et que quiconque conservera sa vie la perdra.

Que voilà des propos « particuliers », difficiles à comprendre et à appréhender.

Amoindrir voire renier notre amour filial et préférer la mort en Christ plutôt que sa vie, c’est perturbant !

Et le passage de l’Epître de Paul aux Romains n’est pas plus rassurant. Il nous parle lui aussi de la mort en Christ, d’être ensevelis en sa mort et de devenir une même plante par la conformité en sa mort.

 

Nous voilà donc devant un tableau dont quelques zones sont particulièrement sombres. Effectivement, dans une lecture littérale des textes, avec nos raisonnements humains, mis en regard avec le quotidien de nos vies, de tels propos nous mettent mal à l’aise.

Nous ressentons d’autant plus ce malaise que ce vocabulaire est articulé autour du baptême.

Quoi, le baptême, ce rite si symbolique de la vie chrétienne serait l’antichambre de la mort ?

Et le baptême est l’un des deux seuls sacrements institués par Jésus lui-même. Le baptême est tellement inscrit dans nos traditions sociétales comme l’un des rites les plus marquants de notre civilisation, qu’il en a même échappé aux institutions religieuses.

En effet, il est tout à fait possible d’être baptisé civilement, en mairie, avec parrains et marraines, de façon tout à fait laïque. Cela s’appelle un baptême républicain.

 

Nous sommes donc, devant ces textes, confrontés au cœur de la chrétienté, placés face à l’un des nœuds théologique de la foi chrétienne.

 

Le baptême, c’est quoi ?

Qu’elle est sa symbolique, sa signification et qu’elles en sont ses implications ?

Face à une telle difficulté théologique et sans vouloir botter en touche, j’ai pris pour habitude de me raccrocher aux choses les plus simples, pour m’en sortir et pour continuer d’avancer.

En l’occurrence, il est fait deux fois référence dans les textes à l’eau.

L’eau du baptême d’une part et ce verre d’eau fraîche, si précieuse en ces temps de canicule d’autre part.

 

Que dire de l’eau ? Tout en vient et en provient. Sans eau, nous mourrons en quelques jours. Sans eau, rien ne pousse et la terre ne serait que rocaille et sable, sans végétation et sans animaux. Ni faune ni flore.

A travers les âges, à travers les continents, toutes les civilisations ont construit des rites autour de l’eau. Que ce soit par immersion totale ou partielle, ou que ce soit par des ablutions rituelles, l’eau à pour symbolique de laver l’impétrant et de le purifier. Et, par ces pratiques rituelles, l’accès à Dieu doit être facilité..

Dans le baptême, il est bien évident que les quelques gouttes d’eau ne peuvent ni laver ni purifier mais que seule leur dimension symbolique est significative.

Dans un baptême par immersion totale, le baptisé est symboliquement sauvé de la noyade par l’officiant qui le ressort de l’eau au nom de Dieu.

 

Le baptême, dans cette symbolique, comprend deux dimensions.

D’une part, personnelle et individuelle, nous sommes chacun, ensevelis avec Christ, en sa mort, et par cette union en sa mort, nous sommes unis en sa résurrection.

L’eau du baptême, sous quelque forme qu’elle soit administrée, rappelle donc à la fois la mort en Christ mais aussi nous appelle en la vie nouvelle en Christ.

Devenus une même plante par la conformité en sa mort, nous le sommes aussi par la conformité en sa résurrection. Comme Christ est ressuscité des morts, de même, nous aussi, nous sommes ressuscités et nous marchons en « nouveauté de vie ».

 

D’autre part, l’autre dimension du baptême est communautaire et ecclésiale. Il est l’affirmation, et le témoignage de la grâce de Dieu, gratuite, universelle et multidiniste et il atteste que nous sommes sauvés par la mort et par la résurrection du Christ.

Nous sommes, par notre baptême, unis au Christ, appelés à devenir un être nouveau, une nouvelle créature. L’ancien état des choses est passé, et, voici, il y a un nouvel état des choses.

Seul compte le fait d’être unis en celui en qui la réalité nouvelle est présente.

Et cette union en Christ ne saurait être partielle, chacun choisissant tels ou tels éléments qui lui conviendrait mieux. Non, l’union est obligatoirement complète, totale, intégrale.

 

Dans le baptême, il y a aussi quatre éléments qui entrent en jeu.

En plus de l’eau, écoutons ce que l’Evangile de Matthieu nous dit pas la bouche de Jean le Baptiste, au chapitre 3, les versets 11. « Moi, je vous baptise d’eau, pour un changement radical; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu. »

 

Le baptême pour un changement radical, pour une conversion.

 

Le baptême, c’est le renouvellement de l’être ancien, l’être corrompu, déformé, divisé et parfois presque détruit.

 

La grâce de Dieu, le salut, par le baptême, reconstruit une créature nouvelle. Parfois cela mûrit lentement et parfois cela vous tombe sur la tête d’un coup, comme la foudre. C’est un changement complet de votre vie. Un changement total, une conversion à 180° qui vous fait partir dans la direction opposée à celle que vous suiviez précédemment.

En recevant la baptême d’esprit Saint et de feu, nous abandonnons nos vérités anciennes et, enfin libérés, nous devenons une autre créature en nouveauté de vie.

C’est perturbant. Cela chamboule tout, y compris sa propre famille, qui ne comprend pas toujours de tels changements si radicaux

Cette manifestation de l’Esprit Saint en nous, il n’est pas nécessaire de la comprendre, mais il nous appartient de la ressentir, de la laisser vivre car c’est l’affirmation de la puissance de Dieu agissante en nous.

Martin Luther écrit ceci dans son introduction du Grand Catéchisme :

«  Le baptême n’est autre chose que eau et Parole de Dieu, l’une avec l’autre et l’une uni à l’autre. En d’autre termes, si la Parole est jointe à l’eau, le baptême est un vrai baptême. »

et il ajoute :

«  Ce n’est pas l’eau qui opère de si grandes choses, mais ce sont la Parole de Dieu qui est avec l’eau et qui est unie à l’eau, et la foi qui se fie à cette Parole qui est dans l’eau ».

 

Et Jean Calvin ne dit pas autre chose dans son « Institution Chrétienne ».

« Si nous considérons la nature et la propriété du baptême, nous trouvons qu’il est la première entrée pour avoir place dans le peuple de Dieu. Il est donc le signe de notre régénération et naissance spirituelle, par laquelle nous sommes fait enfants de Dieu. ».

 

L’essentiel du baptême n’est donc pas dans la quantité d’eau versée ou dans le geste, mais il est toujours et essentiellement dans la Parole qui l’accompagne.

L’essentiel du baptême réside dans la vie même du baptisé, et, au-delà de la mort symbolique du « vieil Adam » par immersion, c’est Christ, par la Parole, qui pourra faire naître un homme nouveau.

 

Martin Luther suggère que cette « mort » est ce que nous pouvons appeler « le lâcher prise ». C’est ne plus s’accrocher à ce que nous possédons, ce que nous croyons devoir sauver, notre confort, notre image de nous-même, nos certitudes dans lesquelles nous nous enfermons. La découverte merveilleuse du baptême , c’est que Christ, ressuscité, fait irruption dans nos vies, les transformes et que nos vies humaines sont envahies par la puissance de l’Esprit de Dieu qui change tout.

Nous ne sommes donc plus jamais seuls. L’homme, né de nouveau par le baptême, est une personne inspirée par Dieu et par l’Esprit Saint. Le baptême fonde de façon visible notre appartenance à Christ. Il nous incorpore au Christ, ce qui signifie que nous sommes intérieurement renouvelés par son Esprit.

Cette mort annoncée dans le baptême, prononcée au nom de Dieu, Père, fils et Saint Esprit, est la promesse d’une résurrection par notre relation avec Jésus-Christ, dont nous entendons les paroles, dont nous recevons la présence et dont nous ressentons la force agissante de l’Esprit Saint.

 

C’est l’affirmation d’une vie nouvelle, illuminée par la grâce de Dieu.

 

 

Amen

 

 

 

 

 

 

 

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