Culte du dimanche 12 février 2017

Culte du dimanche 12 février 2017

Que votre parole soit oui, oui, non, non

 

dimanche 12 février 2017

 Psaume 119, 1 à 32 ; Deutéronome 30, 15 à 20

Matthieu 5, 33 à 37 :

 

Psaume 119, 1 à 32 

24 Tes préceptes font mes délices, Ce sont mes conseillers.

25 Mon âme est attachée à la poussière: Rends-moi la vie selon ta parole!

26 Je raconte mes voies, et tu m’exauces: Enseigne-moi tes statuts!

27 Fais-moi comprendre la voie de tes ordonnances, Et je méditerai sur tes merveilles!

28 Mon âme pleure de chagrin: Relève-moi selon ta parole!

29 Éloigne de moi la voie du mensonge, Et accorde-moi la grâce de suivre ta loi!

30 Je choisis la voie de la vérité, Je place tes lois sous mes yeux.

31 Je m’attache à tes préceptes: Éternel, ne me rends point confus!

32 Je cours dans la voie de tes commandements, Car tu élargis mon coeur. »

 

Deutéronome 30, 15 à 20 :

«15 Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal.

16 Car je te prescris aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de marcher dans ses voies, et d’observer ses commandements, ses lois et ses ordonnances, afin que tu vives et que tu multiplies, et que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans le pays dont tu vas entrer en possession.

17 Mais si ton coeur se détourne, si tu n’obéis point, et si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir,

18 je vous déclare aujourd’hui que vous périrez, que vous ne prolongerez point vos jours dans le pays dont vous allez entrer en possession, après avoir passé le Jourdain.

19 J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre: j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité,

20 pour aimer l’Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui: car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours, et c’est ainsi que tu pourras demeurer dans le pays que l’Éternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.»

 

Matthieu 5, 33 à 37 :

33 Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment.

34 Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu;

35 ni par la terre, parce que c’est son marchepied; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi.

36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu.

37 Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu’on y ajoute vient du malin..»

 

Les textes que nous venons d’entendre nous placent devant un choix.

Un choix de vie et d’une éthique de vie, et le vocabulaire qui nous est proposé pour faire ce choix est abondant, riche, fleuri.  D’un point de vue conceptuel, on y parle de mensonge et de vérité.

Il y est opposé aussi le bien et le mal, la bénédiction et la malédiction. Et ce qui est mis en jeu n’est rien moins que la vie et la mort.

 

Il serait tout à fait possible, pour un prédicateur habile et bien formé théologiquement de construire sur ces mots et sur leur mise en confrontation des prédications spirituellement et théologiquement très élaborées et de hautes tenues.

 

Mais ce n’est ni dans mes compétences ni mon objectif aujourd’hui. Bien au contraire, ces textes nous ouvrent la perspective d’une théologie pratique, accessible, nous permettant au quotidien de l’appliquer et de la suivre.

 

Pour nous mettre en action, et nous aider dans la mise en actes de ces choix de vie, examinons aussi les verbes que nous trouvons dans ces textes.

 

Commençons d’abord par le côté sombre et obscur de certains choix.

Nous y avons entendu, dans un classement progressif, « s’éloigner », «  se détourner », « se parjurer », « pleurer de chagrin » et enfin « périr ».

Les verbes utilisés ne sont pas nombreux mais ils sont significatifs. S’éloigner et se détourner nous indiquent une cassure, une fracture et une rupture dans une relation. Se parjurer est significatif d’un rejet, d’un reniement, à priori volontaire.

« Mon âme pleure de chagrin » est caractéristique d’une conséquence de cette rupture et de ce rejet, dont la finalité ne peut se solder que dans le verbe « périr » et conduire à la mort. A l’opposé, l’aspect positif et lumineux est éclairé par un plus grand nombre de verbes.

Rien que dans la passage du psaume 119, nous y trouvons « raconter », « exhausser », « enseigner », « comprendre », « méditer », « accorder », « choisir », « s’attacher » et enfin « élargir nos cœurs » et « rendre la vie ».

Je ne sais pas si vous vous rendez compte du programme proposé ? Un menu de fêtes auxquels ces verbes nous invitent !

Tous ces verbes sous entendent et induisent d’abord une ouverture vers l’autre, une écoute attentive, une attention dans la relation. Ils nous appellent à une disponibilité, à un relâchement, à une absence de réserve, donc à une confiance accordée sans arrière-pensée.

Et les autres textes nous offrent aussi une belle palette de trésors verbaux. « aimer », « marcher », « dépendre », « servir », «  observer », « multiplier », « relever », « bénir » et « vivre ».

Nous voilà donc invités à nous mettre en marche, à observer, à aimer, à servir, et par cela, nous serons relevés, bénis et nous aurons la vie.

Quand j’évoquais un menu de fêtes et son programme lumineux !

Voilà donc le détail des choix que nous avons à faire dans nos vies, avec l’esquisse des conséquences de ces choix, faits où à faire.

 

Mais il y a deux observations à formuler a ce stade de ma méditation.

Premièrement, aussi précis que soit le vocabulaire utilisé et que je viens de rappeler, leur mise en actes et en pratique au quotidien reste encore un peu flou et ils conservent une dimension spirituelle et intellectuelle qui limitent notre compréhension de leur application.

Je vais y revenir dans un moment.

Un deuxième point particulier et délicat qui reste un petit peu extérieur au déroulé de cette méditation, c’est la référence faite au « serment », au verbe « jurer » et « parjurer ».

 

Que viennent faire ces notions dans les choix de nos vies ? J’ai mis un petit moment à comprendre et à relier l’ensemble.

Permettez-moi de faire état de quelques notes que j’ai trouvé sur les serments dans la Bible.

L’Ancien Testament admet le serment comme une pratique acceptable mais il est d’une sévérité redoutable pour le faux témoignage qui consiste à prendre le nom de Dieu en vain.

Dans l’AT, le serment ne prend pas Dieu à témoin, mais il a pour but d’en appeler à Dieu afin qu’Il aide et qu’Il agisse sur celui qui parle et sur celui qui écoute.

Jurer ou faire un serment n’était pas fait pour apporter une force supplémentaire à une affirmation, pour en valider la vérité, laissant accroire que l’on pouvait allègrement mentir.

Non, jurer ou prêter serment, c’était en appeler à l’aide de Dieu pour avoir la force et la volonté de tenir ses engagements.

 

C’est donc avec une volonté de pérennité que le serment est fait.

Mais, comme à son habitude, Jésus vient bousculer tout cela. Jésus ne condamne pas le serment, il en souligne uniquement la vacuité et peut être aussi le détournement qui en est fait par les hommes.

Prêter serment au nom de Dieu, ou jurer sur le ciel, ou sur la terre, ou sur la tête de qui que ce soit n’est-il pas un vain subterfuge ?

Quel pouvoir avons-nous d’influer sur le cours des choses ?

Quel pouvoir sur nos vies ? sur le nombre et la couleur de nos cheveux ?

 

Jésus nous rappelle que seul Dieu est maître du ciel, de la terre, de la longueur de nos vies.

Jésus nous recentre gentiment mais fermement sur ce que nous pouvons maîtriser.

 

Et c’est là, dans ce recentrement, que son enseignement devient de la théologie pratique, applicable au quotidien.

Que votre « oui » soit un « oui » véritable et que votre « non » soit un « non » véritable. C’est un appel à ce que notre langage soit vrai. Notre bouche doit être maîtrisée et elle doit dire ce qui est dans notre cœur. Le « oui-oui » ou si cela est nécessaire le « non-non » , répété deux fois, est la marque du sérieux de notre réponse, annulant l’utilité d’un recours à un éventuel serment.

Et Jésus se réfère souvent à cet appel à un langage de vérité et il en fait un usage fréquent.

Ses paroles sont encadrées par un « amen, amen, je vous le dis », où même parfois un « en vérité, en vérité », répétés deux fois.

Amen est un mot hébreux dont la racine signifie « se montrer ferme, stable ».

Amen, c’est une affirmation, c’est vrai, et Jésus en fait usage pour souligner la tension de ses espérances.

En vérité en appelle à une réalité dévoilée, en correspondance avec le réel, en relation avec « ce en quoi » où « celui en qui » l’on peut se fier.

C’est une réalité objective, une relation qui s’éprouve au fil du temps.

« En vérité, en vérité », cela peut être un oui où un non, mais c’est une réponse qui doit dire les sentiments intérieurs.

Chaque « oui » et chaque « non » nous engagent tout entiers, et cela est la seule garantie que notre langage est une sincérité fraternelle.

 

Le contraire de la vérité, c’est le mensonge, c’est l’erreur.

Mentir, ce n’est pas seulement tromper par une apparence ou des paroles qui ne sont pas en accord avec notre être et nos pensées.

Mentir, c’est rompre le lien de confiance qui unit, c’est provoquer la rupture d’une relation vraie.

Mais une parole vraie, c’est établir une relation intime avec l’autre, c’est rencontrer et c’est s’ouvrir à la connaissance.

Nos attitudes, nos paroles, celles qui sont créatrices de relations, qui traduisent nos sentiments et expriment nos ressentis doivent être vraies.

 

L’homme est un être en relation.

Il est en relation avec lui-même,

Il est en relation avec les autres, ses prochains,

Et il est en relation avec Dieu.

De quelques manières que ce soit, se mentir à soi-même est mortifère.

C’est refuser de s’accepter tel que l’on est et refuser d’être tel que nous avons été créés.

Mentir aux autres, c’est rompre toutes possibilités de relations de confiance, c’est aussi injurier la part de Dieu qui est en nous et en chacun de ceux que nous côtoyons.

Mentir à Dieu, c’est absurde car c’est croire que l’on peut cacher ce que l’on est et ce que l’on pense à notre créateur.

Voilà donc quelques tenants de la théologie pratique dont je parlais en entame de mon propos.

 

Enfants du royaume, nous savons que Dieu entend chacune de nos paroles et nous ne pouvons dire simultanément « oui » et « non ».

Dans les choix éthiques que nous devons faire dans nos vies, il s’agît de :

Dire « non » aux mensonges,

Dire « non » à la mort,

Dire « oui » à la vérité et à une parole vraie,

Dire « oui » à la vie.

 

C’est dans ces « oui » et ces « non » que s’entend notre « oui » à Dieu, notre « oui » à sa volonté, notre « oui » à son message d’amour inconditionnel, transmis par le Christ, qui est le « oui » et « l’amen » de Dieu aux hommes, notre « oui » à son projet de nous rassembler pour toujours.

C’est dans ces « oui » à Dieu que se construit notre liberté.

Tout ce que l’on rajoute vient du malin

 

 

Amen

 

 

 

 

 

 

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