Jésus nous libère
Culte du dimanche 11 mars 2018 Draguignan
Thème « Jésus nous libère »
Deutéronome 28, 1 à 3 et 15 à 22 :
«1 Si tu obéis à la voix de l’Éternel, ton Dieu, en observant et en mettant en pratique tous ses commandements que je te prescris aujourd’hui, l’Éternel, ton Dieu, te donnera la supériorité sur toutes les nations de la terre.
2 Voici toutes les bénédictions qui se répandront sur toi et qui seront ton partage, lorsque tu obéiras à la voix de l’Éternel, ton Dieu:
3 Tu seras béni dans la ville, et tu seras béni dans les champs.
………….
15 Mais si tu n’obéis point à la voix de l’Éternel, ton Dieu, si tu n’observes pas et ne mets pas en pratique tous ses commandements et toutes ses lois que je te prescris aujourd’hui, voici toutes les malédictions qui viendront sur toi et qui seront ton partage:
16 Tu seras maudit dans la ville, et tu seras maudit dans les champs.
17 Ta corbeille et ta huche seront maudites.
18 Le fruit de tes entrailles, le fruit de ton sol, les portées de ton gros et de ton menu bétail, toutes ces choses seront maudites.
19 Tu seras maudit à ton arrivée, et tu seras maudit à ton départ.
20 L’Éternel enverra contre toi la malédiction, le trouble et la menace, au milieu de toutes les entreprises que tu feras, jusqu’à ce que tu sois détruit, jusqu’à ce que tu périsses promptement, à cause de la méchanceté de tes actions, qui t’aura porté à m’abandonner.
21 L’Éternel attachera à toi la peste, jusqu’à ce qu’elle te consume dans le pays dont tu vas entrer en possession.
22 L’Éternel te frappera de consomption, de fièvre, d’inflammation, de chaleur brûlante, de dessèchement, de jaunisse et de gangrène, qui te poursuivront jusqu’à ce que tu périsses.»
Marc 1, 9 à 39 :
«29 En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d’André.
30 La belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d’elle à Jésus.
31 S’étant approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l’instant la fièvre la quitta. Puis elle les servit.
32 Le soir, après le coucher du soleil, on lui amena tous les malades et les démoniaques.
33 Et toute la ville était rassemblée devant sa porte.
34 Il guérit beaucoup de gens qui avaient diverses maladies; il chassa aussi beaucoup de démons, et il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils le connaissaient.
35 Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria.
36 Simon et ceux qui étaient avec lui se mirent à sa recherche;
37 et, quand ils l’eurent trouvé, ils lui dirent: Tous te cherchent.
38 Il leur répondit: Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi; car c’est pour cela que je suis sorti.
39 Et il alla prêcher dans les synagogues, par toute la Galilée, et il chassa les démons. »
Le texte du jour se trouve au milieu du premier chapitre de l’Evangile selon Marc, donc au tout début de cet Evangile. Notre passage concerne ainsi le début du ministère de Jésus. Marc entame son évangile, au verset 1 en présentant son récit comme le « commencement de la Bonne nouvelle de Jésus-Christ, fils de Dieu. ». Marc veut transmettre, par son évangile, la bonne nouvelle du salut de Dieu en Jésus Christ.
Il est intéressant de comparer ce début avec les autres Evangiles.
-L’évangile selon Matthieu commence par la généalogie de Jésus, inscrivant celui-ci dans une lignée royale, en continuité de l’Ancien Testament et des récits des prophètes.
-Luc, quant à lui, oriente son évangile vers un exposé suivi, précis et ordonné de la vie de Jésus, de tout ce qui s’est passé depuis les origines.
-Jean, pour sa part, lie Dieu avec la parole depuis le commencement du monde, parole qui est vie, lumière et surtout parole faite chair en Jésus Christ.
-Marc choisit la forme d’un récit, proposant ainsi à l’auditoire et aux lecteurs, une présentation de ce que Jésus est et de ce qu’il représente.
Le choix de cette forme en « récit », présente l’intérêt de nous inviter à nous identifier à tel ou tel personnage et ainsi à participer à l’évènement.
Mais avant de commencer nos réflexions sur le texte, il est important de résumer les premières étapes du ministère de Jésus selon Marc.
Les versets 1 à 11 nous parlent de la présence de Jean le Baptiste et du baptême de Jésus dans le Jourdain, avec les cieux se déchirant, l’Esprit qui descend sur Jésus et une voix venue des cieux qui annonce que « Celui-ci est le fils bien aimé ».
C’est l’affirmation du rôle particulier de Jésus en tant que fils de Dieu.
Avec les 40 jours de tentations dans le désert, et la résistance de Jésus, preuve nous est donné du lien exclusif et de la confiance totale qui unit Jésus à Dieu.
Ainsi débute, avec le choix des premiers disciples, Simon, André, Jacques et Jean, un temps de prédication, d’enseignement et les premières guérisons de démoniaques et d’esprits impurs.
Commence alors notre récit, par la narration de faits somme toute assez banaux.
Au verset 29 : « En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d’André. »
Rien d’extraordinaire, même pas de quoi alimenter un fait divers dans le journal local. Non, Marc nous informe que Jésus sort de la synagogue pour aller, avec Jacques et Jean, à la maison de Simon et André.
Une chronique du quotidien de Jésus. Des activités qui n’ont rien de plus et rien de moins que ce que nous faisons, en ce dimanche matin, en nous rendant au temple, et en allant manger en famille ou avec des amis après le culte.
Rien qui ne défraye la chronique.
Nous sommes habitués aux récits homériques et aux sagas extraordinaires qui magnifient et enjolivent les actes et les exploits de nos héros de légendes.
Rien de tout cela dans ces versets et nous pouvons être étonnés donc, que Marc, dans la rédaction d’un évangile, qui se doit d’être concis et précis compte tenu des difficultés matérielles d’écriture de l’époque et de l’objectif recherché, évoque des faits aussi banaux ?
Selon le mot de Louis Second, la Bible explique la Bible. Jésus vient de recevoir, lors de son baptême, la mission de proclamer l’évangile. Il est venu de Galilée et c’est un commencement pour lui. Marc nous montre comment Jésus s’y prend.
D’abord la synagogue, le lieu où le peuple d’Israël se réunit pour étudier la Parole de Dieu, pour prier et pour annoncer le royaume de Dieu à venir.
Mais aussi pour retrouver une communauté, celle des fidèles, pour s’inscrire dans une relation collective, pour les conforter dans leur foi, pour les soutenir, les aider à reprendre des forces, à avoir confiance.
Après un temps en commun, suit un temps où, ensemble, ils mangent, prennent du repos et parlent de tout et de rien, de projets, d’avenir. Dans ce simple verset, Marc nous montre un Jésus, trouvant un équilibre entre relations communautaires, culte rendu à Dieu et moments de repos et d’intimité.
Jésus, non pas fils de Dieu, distant et inaccessible, mais un fils de Dieu, proche de tous, présent dans les aspects les plus modestes du quotidien de nos vies.
Rien dans nos vies n’est trop petit pour que Christ ou Dieu ne puissent s’y intéresser et ne puissent y apporter quelque chose.
Suit alors la guérison de la belle mère de la fièvre.
Aux versets 30 et 31 : « La belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d’elle à Jésus. S’étant approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l’instant la fièvre la quitta….. »
Voilà encore le récit d’un fait, là encore, somme toute assez banal et qui nous laisse, là encore, un peu désappointés. Rien d’extraordinaire, pas de miracles fabuleux.
On aime notre sauveur quant il fait des guérisons extraordinaires :
- Un aveugle né, ça c’est formidable !
- La fille de Jaïrus ou Lazare, ressuscités, voila qui touche les esprits !
- Nourrir une foule immense avec quelques pains et quelques poissons, c’est top !
Mais là, quand même, guérir une simple fièvre.
Non, Marc, dans la rédaction de son évangile, concis et dense, donne de la place à de « simples souvenirs autobiographiques » sans réelle valeur, dans des guérisons dites « diverses ».
Alors pourquoi évoquer de si « petites guérisons » ? Simplement car il y a un beau message dans ces simples guérisons. Chacune de ces guérisons est déjà et encore, sans que nous nous en rendions compte, une forme de prédication.
Saint Augustin disait : « Jésus lui-même est Parole, non seulement dans ce qu’il dit, mais aussi dans ce qu’il fait. » Ses actes sont à interpréter, à comprendre, et ce qu’il fait à un sens.
Il faut donc voir dans la guérison de la belle-mère de Pierre non pas un geste banal, mais une prédication.
Comme je l’ai déjà dit précédemment, il faut d’abord y voir la proximité de Jésus dans notre quotidien.
Jésus s’intéresse aux personnes qu’il croise et qui souffrent et s’il peut faire quelque chose, il le fait.
Jésus est là, disponible pour nous soutenir, pour nous aider.
Mais parlons un peu de cette fièvre qui maintient couchée la belle-mère de Pierre. Les versets du Deutéronome nous parlent de la fièvre.
La fièvre est assez rarement mentionnée dans l’Ancien Testament, mais elle est toujours représentée comme un éloignement de Dieu, une malédiction.
Rachi, commentateur juif né à Troyes en 1040, dit à propos de la fièvre qu’elle est un feu intérieur qui donne une soif perpétuelle et inextinguible.
Celui qui s’éloigne de Dieu, qui s’attache aux seules choses matérielles veut posséder et avoir toujours plus. Les désirs matériels sont sans fins, et ils ne laissent jamais ni repos ni paix, devenant malédiction au quotidien.
La quête spirituelle donne à celui qui met sa foi en l’évangile, un bonheur durable, une bénédiction par la paix qui règne dans son cœur.
L’Ancien Testament nous montre la fièvre comme une malédiction imagée, conséquence de l’éloignement de Dieu, ce qui, en soi, est une définition du péché. Une malédiction, non pas envoyée par Dieu, mais que nous mériterions par nos actes irréfléchis.
Face à cet éloignement de Dieu, Jésus guérit, Jésus est source de bénédiction.
Sans cesse, nos égoïsmes restent présents en nous, et nous restons attachés aux biens matériels, nous sommes esclaves de nos désirs, parfois insensés, et nous oublions Dieu et le message évangélique.
Dès le début de son ministère, Jésus est présenté par Marc comme guérissant.
Jésus enlève le mal. Jésus est celui qui guérit, celui qui libère, celui qui nous fait échapper à ce que nous mériterions, et vers lequel notre nature nous pousse, jour après jour.
Notre façon d’être au quotidien dans le monde a des conséquences sur notre bien être, comme sur le mal être pour nous et pour nos proches. Jésus affirme que Dieu n’en rajoute pas, qu’il compatit, qu’il comprend et nous pardonne.
Je voudrais compléter cette méditation en insistant sur quelques verbes et en reprenant une partie du verset 31 : « S’étant approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l’instant la fièvre la quitta….. »
Les verbes employés ici sont importants en théologie.
-S’avancer : Quand le Christ s’avance vers quelqu’un, cela évoque la grâce de Dieu. Il ne nous regarde pas de haut car nous sommes importants à ses yeux. En Christ, il se déplace pour nous rendre visite, à nous, personnellement, pour nous sauver, pour nous libérer, pour nous donner la vie.
Quand Christ entre dans une maison, cela provoque une rencontre, une relation qui s’établie, des liens créés et par la même, la présence de Dieu dans nos vies, dans nos existences et en nous.
-Relever : Quand Christ relève quelqu’un, cela ne semble pas grand-chose, mais le verbe « se lever » ou « relever » est le même que le verbe « ressusciter ». Cela signifie « passer de la mort à la vie. »
Chaque fois que Christ relève quelqu’un, il y a un acte de Dieu pour le rendre plus vivant.
Jésus relève la belle-mère, littéralement, il la ressuscite, il la rend autonome et vivante, capable d’agir et de créer, et c’est ce qu’elle fait.
Par sa grâce et sa bénédiction, il nous libère de ce qui nous paralyse. En Dieu, il nous fait passer de la mort à la vie. Dieu nous redonne la vie, il l’augmente, il guérit notre vie et il la vivifie.
-Prendre par la main. Christ nous prend par la main, il nous guide sur nos chemins, il nous accompagne afin que nous trouvions la présence active de Dieu dans nos existences.
Jésus offre son secours, sans aucune question, sans condition, sans restriction. Jésus s’intéresse aux personnes qui souffrent, qui désespèrent, et il fait ce qu’il y a à faire.
Il donne avec joie car il y a autant de joie à donner qu’a recevoir. En lui prenant la main, il la fit se lever.
Il y a beaucoup plus dans ce texte que la simple guérison d’un échauffement sans grande importance.
Dans ce petit miracle, c’est tout le fond de l’évangile qui s’y trouve.
Jésus relève et rend à la vie les laissés pour compte, les malades, les résignés, les cabossés de la vie.
A tous, il nous fait revoir la lumière de Dieu, il nous rend la vie et la liberté.
Il nous guide vers la source jaillissante de vie qui est en Dieu.
Cette simple journée de Jésus que nous raconte Marc, c’est la proclamation de la Bonne Nouvelle, d’une vie resserrée dans l’intimité du Seigneur, dans une relation personnelle à Dieu.
Le véritable miracle n’est pas extraordinaire.
Le véritable miracle, c’est, en Christ, une présence au quotidien, qui renouvelle et transcende chacun des petits moments de notre existence, et qui, finalement, opère de grandes choses dans nos vies.
Voilà pourquoi nous pouvons louer le Seigneur, par son fils, Jésus-Christ, pour cette relevée gratuite, pour le suivre et pour le servir de tout notre cœur.
En reconnaissance de cet amour inconditionnel, de cette main perpétuellement tendue qui nous relève et nous donne la vie et la liberté mettons nous au service de l’évangile et proclamons à la ville et aux champs la bonne nouvelle de la Grâce de Dieu..
Amen