Accueillir les migrants

Accueillir les migrants

Accueillir les migrants: compte rendu de réunion du 4 novembre à St Raphaël

Samedi 4 novembre, le centre culturel de St Raphaël proposait la conférence débat « accueillir les migrants » sous l’égide de l’association EME83 (Ecocitoyenneté entre Mer et Esterel). Son secrétaire Mr Jacquy Giral explique devant environ une centaine de personnes, composée pour moitié de citoyens ordinaires et de bénévoles, que cette association bien que centrée sur l’écocitoyenneté a décidé d’inviter plusieurs autres associations à venir s’exprimer sur la situation des migrants dans le Var. Ainsi étaient présentes les associations Welcome83, SOS Méditerranée, la Cimade, le Réseau Education Sans Frontières ou encore le collectif Migrants 83. Dans une brève introduction Jacquy Giral rappelle que la ville de St Raphaël pourrait se sentir moins concernée par le problème de l’accueil des migrants dans la mesure où ce sont surtout les villes de Nice et de Toulon qui doivent faire face à ce problème. Pourtant, de nombreux habitants soit groupés en associations soit de manière isolée viennent en aide aux plus démunis.
Monsieur Jacques Perrier de l’association Welcome83 (association qui vient en aide aux demandeurs d’asile), en s’appuyant sur une courte vidéo donne quelques chiffres essentiels :
– actuellement (années 2015-2016), les migrants ne représentent que 0,7 % de la population mondiale, soit 53 millions de personnes dont 350.000 pour l’Europe et 90.000 pour la France.
on dénombre 14 conflits dans le monde qui ont poussé hommes, femmes et enfants à quitter leur pays pour vivre ailleurs : 60% vers des pays limitrophes à ces mêmes zones de conflits et seulement 4% vers l’Europe, soit en traversant la Mer Méditerranée, soit en passant par les routes terrestres en se cachant dans des camions.
En 2016, dans la région PACA, on a compté 90.000 migrants demandeurs d’asile, venant du sud de la Méditerranée et ceci par trois voies différentes :
1) Turquie-Grèce : cette voie est maintenant bloquée depuis que l’Europe a négocié avec le président turc Erdogan la fermeture de la frontière. 2) Libye-Italie, la seule voie empruntée aujourd’hui. 3) Maroc-Gibraltar-Espagne, route peu empruntée car très surveillée.
En 2017 ils sont à ce jour 110.000 à être passés par l’Italie du nord puis en France (on connaît l’aide apportée aux migrants par les habitants de la vallée de la Roya et les ennuis judiciaires auxquels ils doivent faire face.) Beaucoup de migrants viennent d’Afrique sud saharienne, du Proche et Moyen Orient.
Les causes de leur exode: la guerre, leur religion, leur homosexualité, leur pauvreté mais les raisons économiques ne sont pas considérées comme « valables » et donc refusées. C’est l’Ofpra (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) à Paris qui donnera son accord définitif. Si le droit d’asile est refusé, il reste l’appel auprès de la cour nationale du droit d’asile. Sinon le migrant doit repartir dans son pays, ce que la plupart ne font pas et de fait demeurent en France dans l’illégalité. Ainsi, sur les 60.000 migrants ayant essuyé un refus seuls 5.000 repartent dans leur pays et par conséquent 55.000 resteront sans papiers.
Madame Anne Briam présente ensuite l’association SOS Méditerranée. Cette dernière possède un bateau, l’Aquarius, capable de naviguer en Méditerranée même en hiver et par très forte houle. Ce bateau est financé uniquement par des dons à raison de 11.000 euros par jour (entretien, matériel etc). Anne Briam rappelle que la traversée de la mer est malheureusement souvent fatale aux migrants. En 2016, on a compté 5.070 morts auxquels on doit ajouter encore au moins 5.000, sinon plus, non comptabilisés. Les bateaux de fortune transportant les migrants sont faits de boudins en plastique et d’un fond en planches transportant jusqu’à 190 personnes restant parfois debout faute de places soit huit personnes au mètre carré. Celles ou ceux qui refusent d’embarquer constatant la fragilité des « bateaux » sont abattus par les milices libyennes car personne ne veut subvenir à leurs besoins journaliers. En outre, après les négociations avec Erdogan pour bloquer les migrants en Turquie, une agence crée par l’Europe : Frontex (Agence Européenne de garde-côtes et garde-frontières) essaie de repousser les migrants hors des eaux italiennes. Pour couronner le tout des bureaux de l’Ofpra ont été installés au Mali ou au Niger pour gérer les dossiers sur place avec peu de chance de résultats pour les migrants. Depuis janvier 2017, 1.300 personnes ont pu être sauvées par l’Aquarius, soit 120 personnes par semaine, mais il faut savoir qu’autant de personnes sont malheureusement portées disparues. Pourquoi ces migrants embarquent-ils alors sur ces frêles embarcations sachant qu’ils peuvent mourir? « Parce qu’ils sont noirs et chrétiens et sont considérés comme des animaux. Les femmes, les hommes sont violés ou servent de cibles vivantes aux enfants libyens qui s’entraînent à tirer ». Ce sont là les propos d’un jeune migrant sauvé par l’Aquarius.
L’association Welcome83 explique ensuite ce qui attend les migrants enfin arrivés sur notre sol. Une demande d’asile peut durer de 6 à 24 mois. L’état français est tenu d’héberger les demandeurs d’asile pendant toute la durée de la procédure, mais en pratique les hébergements disponibles ne peuvent prendre en charge que la moitié des gens. Donc sur 100.000 demandeurs, 50.000 se retrouvent à la rue. L’allocation donnée aux migrants est de 11 euros par jour. Ils seront par contre logés gratuitement mais ne pourront rester dans le logement qui leur a été affecté que quatre à huit semaines. Ensuite ils devront changer de centre d’accueil ou trouver une autre famille bénévole.
Une personne travaillant à l’Aide Sociale à l’Enfance intervient et précise que les mineurs non accompagnés sont gérés par le conseil départemental. Le service vérifie si le mineur est bel et bien mineur. Sinon il est refusé et orienté vers le 115 ou vers les structures des personnes majeures. Une cellule nationale affecte les mineurs dans un département précis qui fera ensuite la demande d’asile mais l’attente de la réponse peut durer entre 2 et 4 mois. Si aucune place n’est disponible, le département peut en créer ou faire appel à des bénévoles ou encore louer des chambres d’hôtel. Ici dans l’est Var on recense 90 familles pour 34 accueillis (rapport nécessaire pour assurer un hébergement continu).
Parallèlement, il existe d’autres associations comme :
l’EPAFA (Education Promotion Accueil des Familles) créée depuis 30 ans à Fréjus.
la Cimade qui offre une permanence juridique, intervient sur le plan national et lutte contre le racisme dans les écoles, les prisons. Elle doit aussi faire face à certains maires qui s’emploient à entretenir dans leur commune la peur du migrant. Notons que le maire FN de Fréjus a refusé la cantine à une petite migrante de 7 ans!
Un médecin, de l’association Promosoin pointe du doigt ses collègues médecins et dentistes qui refusent de soigner les gens bénéficiant de la CMU.
Un membre du Forum-Républicain-Fréjus évoque la nécessité de s’opposer aux décisions des maires qui refusent l’installation d’un CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation) dans leur ville. Il faut noter que les préfets sont souvent du côté des associations pour faire plier ces derniers.
A St Raphaël, Amnesty International Groupe 45 aide les migrants pour des problèmes juridiques, pour établir des papiers administratifs, pour faire des recours.
Le Collectif Migrants Var Est, basé à Draguignan propose un nouvel outil numérique « Welcome Map Var » qui permet de lire sur un smartphone tous les renseignements indispensables aux plus démunis comme « Où me loger ce soir ? Où me mettre au chaud ? Où manger ? » Cet outil marche déjà très bien à Paris.
A l’issue de cette conférence, Jacquy Giral invite les gens présents dans la salle désirant proposer leurs compétences personnelles et leurs moyens pour venir en aide aux migrants à se faire connaître, afin que les associations puissent les contacter. Un réseau d’aides agrandi semble par ce moyen pouvoir être mis en place. Une réunion très fructueuse donc.
On ne peut cependant s’empêcher de remarquer que l’état se félicite de l’abondance des structures associatives venant en aide aux migrants et de leur dévouement, histoire de se désengager un peu plus en supprimant par exemple, les emplois aidés si précieux aux associations.
Quelques coordonnées utiles :

Contact