Culte du dimanche 27 septembre 2015

Culte du dimanche 27 septembre 2015

Culte du dimanche 27 septembre 2015

 

Culte du dimanche 27 septembre 2015 – Draguignan Saint Raphaël
Lectures bibliques :
Psaume 19 ; Nombres 11, 25 à 29 ;Marc 9, 38 à 48 :

Le passage du livre des nombres que nous venons d’entendre nous parle des prophètes. Animés par l’esprit de Dieu, 70 anciens prophétisent et deux d’entre eux, Eldad et Médad continuent de prophétiser dans le camp, quand les autres cessent de le faire.
Ce passage m’a rappelé une discussion datant de quelques années.
Un de mes amis, que certains d’entre vous connaissent, Gérard Humeau, me posait la question suivante à laquelle je n’ai pas pu répondre.
«  Pourquoi n’y a-t-il plus de prophètes ? »
Et une deuxième question, du même ordre, qui en découle :
«  Pourquoi le canon biblique serait-il définitivement figé et pourquoi ne pourrait-il y avoir de complément par de nouveaux livres, parlant de prophètes, et pouvant être inclus dans le canon ? »
Cette anecdote me revenant en mémoire à l’occasion des lectures du jour m’a donc naturellement porté à chercher les réponses possibles.

Commençons donc par définir ce qui caractérise et définit un prophète et quelles pouvaient être ses missions
D’un point de vue étymologie, le dictionnaire Le Robert nous déclare qu’il s’agit d’une personne qui prédit l’avenir.
Cette définition est, me semble-t-il, un peu trop réductrice et elle nous laisse accroire qu’il s’agit de devins, avec, une connotation sous entendue de médium où de voyance, tel madame Soleil et les rédacteurs des horoscopes quotidiens.
Cette première définition nous laisse donc un peu pantois et sur notre faim, encore que le mot « devin » soit une déclinaison de « divin », en tant que porteur de la parole divine.
Mais l’acception commune du terme a dérivé vers l’aspect voyance, pour deviner l’avenir, ce qui éloigne de l’orientation originale.
Dans la deuxième définition du Robert, ainsi que dans le Larousse, nous retrouvons une dimension plus proche de celle présentie, celle qui transparaît dans notre texte, à savoir :
– un prophète est un homme, qui inspiré par Dieu, parle en son nom pour faire connaître son message.
Il est quand même particulier que la définition la plus proche du mot, certes d’ordre théologique, soit placée après une acception profane du terme de divination.
Ce qui dénote un retrait du spirituel face au profane dans nos sociétés exagérément sécularisée.

Toutefois, il est quand même surprenant de constater la très faible représentation féminine dans la liste des prophètes.
Et de noter, tristement, que dans la société à structure patriarcale dans laquelle nous évoluons, le machisme et l’imprégnation phallocratique sont malheureusement toujours prégnante, malgré les combats pour l’égalité des sexes.
J’en veux pour preuve, que dans les dictionnaires cités, si les prophètes sont inspirés par Dieu, avec un D majuscule soulignant et marquant l’unicité du Dieu référent, le terme de « prophétesse » est ramenée à la définition réductrice de : « femme, certes inspirée, mais interprète de la divinité ».
Avec un d minuscule, stigmatisant une moindre importance, et se rapportant aux croyances polythéistes tel les panthéons grec ou romain.

En dernier lieu, pour donner un peu plus de crédibilité à mes recherches, je suis allé voir dans le dictionnaire du nouveau testament de Xavier LéonDufour.
J’y est trouvé une définition plus théologique et plus protestante, à la fois du prophète et de la mission qui lui incombe.
Le mot « prophète » vient donc du grec « prophétès » , composé de « phémi », qui se traduit par « dire » et de « pro » qui peut se transcrire par « En avant de », ou « par avance » ou encore « en public ».
Un prophète est donc un porte parole, un homme envoyé et inspiré par Dieu, pour manifester, dire et faire saisir la pensée et la volonté divine et parfois pour annoncer l’avenir.
En parlant par leur bouche, Dieu fait connaître ses desseins.
Et voilà donc ce dictionnaire de se lancer dans l’énumération des grands noms que nous connaissons tous.
En commençant par les patriarches, Abraham, Moïse, suivis de Samuel, Isaïe, Jérémie et enfin quelques prophètes dit « petits » tel que Osée, Amos, Nahum, auxquels je me permet de rajouter Habacuq, car nous avons étudié ce livre en Groupe Biblique Réformé, puis Agée et Sophonie.
La liste est longue et je ne puis les citer tous sans prendre le risque de vous lasser, ou, pire d’en oublier.
L’exemple le plus connu de l’intervention d’un prophète est certainement celui du passage de Genèse 18 sur les villes de Sodome et Gomorrhe.

Maintenant que nous avons une définition plus précise de ce qu’est un prophète et de la mission qui lui est dévolue, revenons à la question d’origine.
« Pourquoi n’y a-t-il plus de prophètes ? » et « Pourquoi le canon biblique ne pourrait-il pas être revisité et révisé? ».
Il nous est aussi possible de triturer les composants de ces questions en les mélangeant :
« Un prophète est-il prophète parce qu’il est dans le canon de la Bible ou est-il dans le canon de la Bible parce qu’il est prophète ? »
Mais cet aparté facétieux ne nous apporte pas grand chose dans notre méditation.
A la lumière de ce que nous avons compris sur les missions et les fonctions d’un prophète, qui est d’être un porte parole de la volonté de Dieu , il nous est tout à fait possible de constituer une liste de prétendant à ce rôle.
Dans les premiers temps de la construction de l’Eglise, nous pouvons citer quelques grandes figures du christianisme naissant.
Saint Jean Climaque qui a écrit et listé les étapes que doit franchir un chrétien, dans son cheminement vers Dieu.
Couramment appelé « Echelle de Saint Jean Climaque », le premier degré à franchir est le « lâcher prise » et le trentième et ultime échelon est « l’amour ».
Et que dire des écrits de Thomas d’Aquin, de Saint Augustin ou de tant d’autres, tous imprégné d’une foi profonde ?
Tout aussi importants dans la compréhension du message divin, nous pouvons bien entendu citer Luther, Calvin avec son catéchisme, Zwingli, Valdo et ainsi de suite.

Il y a eu aussi, pendant la période du désert, lors de la révocation de l’Edit de Nantes, le mouvement des Inspirés qui ont animés tant d’assemblées secrètes tenues dans nos campagnes reculées.
Et que dire de ces références spirituelles que furent Pierre et Marie Durand, et plus proches de nous, Martin Luther King, et les grands théologiens tels que Karl Barth, Bonhoeffer, et Gounelle ?
Incontestablement, nous trouverions pour tous ces grands noms des textes admirables, inspirés par Dieu, porteurs d’un ou plusieurs messages divins à même de nous guider.
Mais tout cela ne pourrait en faire des prophètes pouvant être incorporés dans le canon biblique.
L’ensemble de ces écrits constitue un formidable Codex de la pensée humaine, inspirée par Dieu, dans sa relation avec Dieu.
Ils représentent une grande valeur spirituelle, incontestée, mais ils ne font pas de leur auteurs des prophètes, car il y a un détail primordial dont je ne vous ai pas encore dévoilé le secret.
Tout procède d’un changement dans les destinataires de ces messages.

Dans l’Ancien Testament,  les patriarches, les prophètes et les guides s’adressent au peuple de Dieu, au peuple élu.
Ceux-ci sont interprètes de la parole de Dieu, tenant d’inspiration divine la connaissance d’événement à venir, et ils préviennent le peuple élu de ses errements, des erreurs commises par ce peuple au regard de Dieu, et donc des conséquences à venir de ces transgressions.
Les messages prophétiques sont à destination collective, s’adressant à une multitude limitée au peuple élu de Dieu.

C’est alors qu’il faut noter que les derniers prophètes annoncent un changement dans la nature des destinataires des messages.
Jean le Baptiste, le prophète qui crie dans le désert, annonce le jugement imminent, il propose le baptême de repentance, mais surtout il annonce et discerne « Celui qui vient ».
Celui qui vient après lui mais surtout celui qui est plus grand que lui et qui sera le plus grand de tous.
Jésus est donc annoncé et présenté comme un prophète, même si celui-ci n’en revendique pas le titre.
Mais il agît cependant comme un prophète, dénonçant les excès des chefs religieux, des juifs, et il révèle a tout ceux qui croisent sa route, les signes des temps.
Mais il se situe naturellement bien au delà des prophètes.
En connaissant le sort tragique auquel il est voué et en annonçant sa destinée unique, en fils de Dieu, il prononce des paroles de sa propre autorité.
Il se situe bien au dessus des autres prophètes, reconnu comme prophète messianique, il procure le salut à tous.
Parce que porteur de la révélation de Dieu, Christ devient le seul maître, prophète eschatologique prodiguant l’universalité de la grâce de Dieu, offerte à tous.
A partir de là, de cette nouvelle alliance passée en Christ, la parole divine n’a plus a être adressée par des prophètes au seul peuple élu de Dieu, mais elle devient destinée à tout un chacun, individuellement, accessible directement par tous, et de façon universelle.
Et la continuité de l’annonce du message passe d’abord par les douze disciples, devenant progressivement apôtres, puis par Paul, Jacques, Tite, Philémon et autres, chacun écrivant, sous inspiration de l’Esprit Saint, sa compréhension de la parole divine.
Et ainsi de suite de l’évolution des porteurs et des témoins des messages bibliques avec les grandes figures dont j’en ai nommé quelques uns tout à l’heure.
A la pentecôte , et dans le temps de l’Eglise, le don de prophétie est révélé et renouvelé par l’Esprit Saint.
Il existe donc, dans l’Eglise passée et actuelle, un charisme de prophétie, exercé par toutes sortes d’hommes et de femmes.
Le rôle de ces nouveaux prophètes est distinct de celui des prophètes qui constituent les fondements de l’Eglise.
Leur mission n’est plus de prévenir le peuple élu des malheurs qui le menace à  la suite des transgressions commises, mais leur actualité est de révéler les secrets de la parole de divine, d’exhorter, de consoler, d’édifier.
Ainsi, tous les chrétiens qui participent à l’office du Christ sont appelés à faire retentir cette parole qui conduit, en toute vérité, à révéler le vrai statut du monde face aux mensonges, à confronter les autorités ecclésiastiques et politiques avec le vrai Seigneur et donc avec la limite de tout pouvoir.

La charge prophétique de l’annonce du Royaume est donc à la fois celle de guetteur, de veilleur et de serviteur responsable.
La réponse à la question du début de cette méditation est donc là.
Il n’y a plus de prophètes en charge de l’annonce de la parole divine car cet office prophétique est dévolu, individuellement, à chacun d’entre nous.
Il n’y a plus de prophètes car nous sommes tous devenus prophètes, porteurs et témoins de la parole divine, de l’annonce du royaume, offert et ouvert à toutes et tous, gratuitement par le moyen de la foi.
C’est là, l’annonce a faire « Urbi et Orbi ».
Au boulot donc.
Amen

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