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Culte du 10 janvier 2016
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Culte du 10 janvier 2016
Culte du 10 janvier 2016 à SAINT-TROPEZ Luc 3 v 15 à 22 – Esaïe 40 v 1 à 11
Tout le peuple était dans l’attente.
Il est vrai que nous sommes nous aussi, en ce début d’année dans l’attente, attente de ce qui va se passer en 2016.
Attente avec des angoisses liées à l’actualité des derniers mois, mais je l’espère aussi attente avec l’espérance que Noël et la célébration de la venue du Messie parmi nous a su raviver. Car il ne s’agit de rien moins que de la venue de l’Evangile, l’arrivée d’un renouveau libérateur, sauveur de l’humanité. C’est notre foi et notre espérance !
Esaïe le souligne « consolez mon peuple » dit votre Dieu.
Certes nous avons bien des soucis les uns et les autres pour nos proches et pour le monde que nous laissons à nos petits-enfants, chargé de pollution et de haine, de chômage et de craintes diverses pour l’avenir.
Mais Esaïe comme Luc rappelle que Dieu est venu, Il est là, parmi nous, même si nous nous demandons parfois s’il ne nous a pas oubliés en laissant se perpétrer tant d’atrocités de par le monde. Il l’a créé, ce monde, il l’a créé BEAU et BON même TRES BON. Il ne l’abandonnera pas.
Pour nous le rappeler, il nous a envoyé son Fils Jésus, le Messie tant annoncé par les prophètes. Ce Messie que le peuple du temps de Jésus espérait encore et toujours, après des centaines d’années d’annonce. Le peuple d’alors n’avait pas oublié cette promesse, au point de croire que Jean le Baptiste était bien enfin ( !) celui qui devait venir.
Mais Jean les détrompe. Il sait que le Messie est là, mais il sait que lui n’est qu’un nouveau prophète et qu’arrive aussitôt derrière lui celui qui va vraiment les sauver.
Jean avait drainé une grande foule derrière lui, marchant sur les chemins et dans les déserts de Palestine et d’ailleurs, mais il sait que sa mission s’achève. Il a vécu et prêché la repentance, proposé une nouvelle voie à suivre pour retourner vers Dieu, mais il n’est qu’un précurseur, un préparateur. C’est bien ce que Luc veut souligner en intercalant sa mise en prison par Hérode avant le baptême de Jésus.
Parce que désormais c’est Jésus qui va mener l’histoire du salut à son terme. Jean s’efface et c’est de Jésus qu’il sera désormais question. De Jean-Baptiste à Jésus, c’est le passage de la loi à l’Evangile ; de l’ordre du jugement à l’ordre du pardon ; de l’ordre de la dette à l’ordre de la grâce ; de l’ordre de la culpabilité à l’ordre de l’espérance ; de l’ordre de la crainte à l’ordre de la liberté…
Le baptême de Jean, baptême d’eau avait marqué pour tout le peuple un désir de changement dans leur vie, de purification. Par solidarité avec ce peuple dans l’attente, Jésus s’est présenté lui aussi au baptême, au milieu des parias, des exclus, des rejetés, au milieu de ceux qui étaient différents. Et voilà l’Evangile, voilà la fin du règne de la loi. La venue du règne du pardon. Le pardon qui est un compagnon, pour la vie. Le pardon qui n’est plus une faveur, mais un don. Dieu vient au rang des pécheurs, en solidarité avec les repentants. Il n’est plus au-delà ; il est là. Les cieux s’ouvrent ; il se révèle. Il est Jésus, baptisé. Dieu sauveur.
Et ce qui m’a frappé dans la manière dont Luc relate l’événement, c’est non pas le baptême lui-même, dont il ne parle pas, mais ce qui suit. Jésus priait.
C’est alors que le ciel s’ouvrit.
C’est alors que commence son ministère, son intronisation comme fils de Dieu, porteur du message du Père, porteur de l’amour du Père pour les hommes.
C’est pour ainsi dire sa nouvelle naissance.
Il a été homme, on ne sait pas grand-chose de cette 1° partie de sa vie, banale sans doute. Mais on sait qu’il était un vrai homme. Et là, il nait une nouvelle fois, comme à Noël, miraculeusement, il nait comme Fils de Dieu.
Pourquoi Luc raconte-t-il ainsi l’événement ?
Pour nous dire que Jésus était vraiment à la fois un vrai homme de chair et de sang, avec ses soucis et ses angoisses, ses peurs et ses joies, mais qu’il était aussi vrai Dieu, Fils de Dieu, Fils du Père, son messager auprès des hommes. C’est là toute la théologie de notre christianisme. Le Messie tant attendu c’est Dieu qui vient au secours des hommes pour les sauver !
Les sauver de quoi ? D’eux-mêmes avant tout ai-je envie de dire. De leurs angoisses, de leur égoïsme qui les enferme, de leur peur de l’autre, surtout s’il est différent, de leur propre avenir aussi …
Les journalistes qui font le bilan de l’année écoulée nous ont ressassé tous les attentats perpétrés en France, et ailleurs, avec de nombreuses victimes, sans compter les catastrophes naturelles, si spectaculaires. Ils nous ont rappelé l’état dramatique du chômage en France, la vague de réfugiés qui a déferlé sur l’Europe, à ne plus que savoir qu’en faire … parce que l’actualité est surtout faite de ces drames proches ou lointains et volontairement ou non elle nous pousse à ce mal bien français, la sinistrose.
Néanmoins j’en ai trouvé un qui ne s’est pas contenté de l’immédiat et a montré une très nette amélioration des conditions de vie moyenne sur terre, rappelant les progrès énormes de la médecine, la lutte gagnée contre le virus Ebola en Afrique de l’Ouest grâce au succès d’un nouveau vaccin, les progrès de la démocratie au Burkina-Fasso et en Birmanie. Et aussi la baisse, encore trop lente certes, du nombre de mal nourris dans le monde (mais pas à Madagascar dont nous nous occupons avec Varymad), l’augmentation du nombre d’enfants scolarisés … ce sont là des espoirs pour demain.
Dans ce tableau positif, car toute nouvelle année doit commencer sur du positif, je veux voir la main de Dieu. Car Dieu est et reste fidèle, fidèle à sa tendresse envers l’homme, tous les hommes… Le mal de notre terre n’est pas voulu par Dieu ; au contraire depuis toujours les prophètes ont répercuté sa protestation contre le mal créé par l’homme. On trouve ainsi sous la plume d’Esaïe une prophétie selon laquelle le lion et le bœuf ensemble mangeront de la paille. Ceux qui ont reçu pour mission de parler au nom de Dieu se sont laissés aller à envisager un monde utopique où la violence sera proscrite et ne servira plus de règle pour gérer l’avenir. La brutalité que nous voyons actuellement dans notre monde est loin de servir les projets que Dieu, inlassablement, a pour les hommes. Au contraire il inscrit l’absence de violence, comme seule méthode possible pour gérer le monde selon sa volonté. Et cela marche, diraient Gandhi ou Mandela.
Ce projet prend déjà corps dans le baptême que Jean propose aux foules et dans lequel Jésus entre « comme tout le peuple ». Car Jésus veut se mêler au peuple, vivre avec lui et comme lui, avec nous et comme nous. Il nous faut nous souvenir de cela. Parce que c’est aussi cela qu’il nous demande : vivez avec les autres, les plus petits, les malades et les indigents, et soignez-les comme je l’ai fait.
Mille ans sont comme un jour pour notre Dieu, et nous occidentaux sommes toujours pressés. Nous avons l’habitude de tout vouloir tout de suite et de céder à la déception dès que tout ne tourne pas aussi rond que nous l’avions envisagé. Mais la patience de Dieu est énorme, et sa miséricorde aussi comme le rappelle Isaïe. Sa parole de paix et d’amour « la parole de notre Dieu demeure pour toujours ».
Jésus, Fils de Dieu nous montre par son itinéraire parmi les hommes comment Dieu veut que l’homme agisse. C’est cela que nous devons retenir pour la nouvelle année 2016.
Et son premier geste de Fils de Dieu est de se mettre en prière.
Car pour recevoir cette Bonne Nouvelle de la présence de Dieu, d’une promesse de libération, il est nécessaire d’aller dans le désert, comme JB, c’est-à-dire de rompre avec toutes les influences de la société, avec toutes les tentations de confort, de pouvoir. Se retrouver face à soi-même, dans le silence propice à la réflexion et au dialogue avec Dieu, à la recherche de ce dialogue. C’est dans ce silence que l’on peut entendre la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, de la grâce offerte, de la paix donnée. Ce désert, c’est une simple disposition d’esprit, une distance à l’égard de ce qui nous entoure, un silence intérieur.
C’est cela qui me paraît vraiment important dans nos vies de chrétiens = prier avant d’agir, prier pour trouver la parole qui saura toucher ou apaiser l’autre, prier pour voir la solution que nous ne parvenons pas à déceler, prier pour voir le chemin que Dieu nous destine, prier, prier toujours pour rester enfants de Dieu, comme Jésus, et ensuite seulement, agir, en enfant de Dieu.
Nous n’avons pas toujours conscience du pouvoir de notre prière, et pourtant, sans que cela soit aussi spectaculaire que la colombe qui descend du ciel, nous savons que Dieu nous entend et que nous avons reçu une réponse, même si ce n’est pas aussi souvent que nous le voudrions, peut-être parce que notre prière n’était pas assez profonde et notre esprit un peu ailleurs… Oui c’est tout un chemin de vie qu’il faut préparer pour l’accueil de la Bonne Nouvelle. C’est ce que je nous souhaite pour cette année.
Une amie me racontait une petite histoire que je vais partager avec vous : « un chrétien décède et arrive au ciel. Il demande à St Pierre s’il peut visiter les lieux et St Pierre lui répond, mais oui bien sûr. Ils se promènent donc dans ce vaste et magnifique espace. Le chrétien aperçoit alors un très grand bâtiment en forme de hangar. Il demande : qu’y a-t-il dans ce bâtiment ? St Pierre lui répond, oh rien d’intéressant. Le chrétien insiste : si, si je voudrais tout voir ici. Alors ils pénètrent dans le hangar, et à sa grande surprise l’homme découvre plein de paquets joliment emballés, partout, des tonnes de paquets plus beaux les uns que les autres. Il en voit même plusieurs marqués à son nom. Il interroge alors St Pierre : qu’est-ce que c’est ? Et St Pierre lui répond : ce sont toutes les bénédictions que Dieu a envoyées et qui n’ont pas été reçues, elles ont été retournées à l’envoyeur. »
Car Dieu a plein de bénédictions pour chacun de nous, j’aimerais que nous en soyons tous convaincus ; et par la prière nous pouvons les recevoir, si nous savons vraiment ouvrir les mains pour recevoir ces cadeaux que Dieu nous destine.
Jésus priait et en retour a reçu une parole d’envoi vers les autres, vers tous les hommes.
C’est ce que nous pouvons retenir de ce texte : Jean-Baptiste a parcouru inlassablement les chemins en prêchant la conversion. Puis le Fils de Dieu Jésus a fait de même pendant 3 ans.
Et nous, qui sommes également baptisés, que pouvons-nous faire d’autres si nous voulons rester dans la logique de ce baptême, sinon prier comme Jésus l’a fait, puis partir à sa suite annoncer la Bonne Nouvelle du pardon de Dieu, de l’amour de Dieu pour nous tous et tous ceux qui sont, autant que nous ses enfants (= tous les hommes).
Et bien sûr vivre avec ce baptême que nous avons reçu, le vivre vraiment, dans la prière puis dans l’action, en sachant que nous sommes, comme Jésus, Fils de Dieu, artisans de paix.
Retenons de ce texte de Luc la dernière parole prononcée par l’Esprit Saint « Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré. ». Car la vraie naissance du Christ vient comme la nôtre : dans le baptême, baptême que nous ne pouvons pas mettre de côté, même s’il est très lointain et que nous étions très jeunes. Cet Esprit de Dieu qui planait sur les eaux lors de la création du monde, il vient maintenant se poser sur Jésus, sous la forme d’une colombe. Un point de contact s’est établi. L’Esprit de Dieu ne se contente plus de survoler le monde de loin, mais il rejoint l’humanité en la personne de Jésus, en venant reposer sur lui et par lui sur nous.
N’oublions jamais cette parole, elle nous est adressée à nous aussi aujourd’hui et chaque jour depuis notre baptême. A nous tous, le Père dit : « Tu es mon enfant, tu es très important à mes yeux, tu me réjouis ». Nous devons préparer les chemins du Seigneur : autrement dit enlever les obstacles entre Dieu et nous, être prêt à recevoir Dieu, écraser les montagnes d’égoïsme, de bêtise, et d’orgueil qui nous empêchent de voir Dieu et les autres, et les laisser venir à nous ; et puis combler les trous, les vallées, les gouffres d’indifférence, d’échecs divers et de manquements qui parsèment notre vie. Bref, Jean nous invite en citant Esaïe à déblayer notre vie, à enlever tout ce qui ne vaut rien et qui fait obstacle, tout en ajoutant ce qui manque.
Comme Esaïe, comme Jean le Baptiste, comme les disciples, nous sommes tous appelés à vivre notre foi dans ce monde, à témoigner que la parole de Dieu nous fait vivre, nous donne l’espérance, nous fait accepter et aimer l’autre, le différent tel qu’il est, et la vie telle qu’elle s’offre. Nous sommes appelés aussi à proclamer publiquement les convictions que nous donne notre foi. Il ne s’agit pas de faire une propagande politique mais de dénoncer haut et fort ce qui écrase les plus faibles, ce qui détruit l’homme, ce qui bafoue sa dignité. Chacun est appelé à affirmer son espérance, malgré le mal, et surtout quand tout va mal ! Car Dieu est toujours là, sa parole toujours vivante.
«Oui, l’herbe sèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu se réalisera pour toujours ».
Amen