Le Seigneur prit de la poussière du sol et en façonna un être humain
Le Seigneur prit de la poussière du sol et en façonna un être humain
Cultes Draguignan / St Raphael du 5 mars 2017
Pasteur Stefano Mercurio
Genèse 2.7-9;3.1-7
Le Seigneur prit de la poussière du sol et en façonna un être humain…. puis grâce au souffle de vie , cet être humain devint vivant .
Ensuite Dieu planta un jardin pour y mettre l’être humain. Il y fait pousser toute sortes d’arbres aux fruits délicieux afin que sa créature soit heureuse.. »
Si le récit s’arrêtait ici , il n’y aurait pas eu la dégradation des rapports entre Dieu et l’être humain. … mais hélas il n’ y aurait même pas eu d’histoire…
.. Oui dégradation !
Je préfère parler de dégradation et non pas de rupture, ni de chute .. Dieu en effet n’interrompt pas sa relation avec l’être humain, et la punition ne sera finalement plus la condamnation à mort ; simplement cette relation Homme/Dieu devient… compliquée… ;
Dieu voulait une harmonie qui maintenant avec cette désobéissance semble, hélas, compromise..
Mais voilà que Dieu se remet bientôt à l’œuvre pour établir cette harmonie,
Disons que toute la bible parle de l’effort de Dieu pour rejoindre ce but : établir un rapport de confiance et de reconnaissance réciproque entre Lui et l’humain !
Vocation, liberté, obéissance.
1.Vocation : prends soin du jardin ;
2.Liberté: profites en selon ton intelligence, ton droit au plaisir et à la joie ;
3. Obéissance : n’ écoute pas la voix qui voudrait te placer à ma place ; il y a une limite ….. tu dois vivre dans la confiance.
Toute la bible (le Nouveau comme l’ Ancien ) est l’histoire de ce Dieu qui propose à l’humain de rentrer dans une Alliance grâce à laquelle ce dernier pourra s’épanouir, trouver sa paix et son destin ultime ; toute la bible est l’histoire d’un Dieu à l ‘œuvre, au boulot afin que l’homme soit réconcilié avec Lui.
L’apôtre Paul le dira clairement : « nous vous en supplions , au nom du Christ, , laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Cor 5,21) .
Or dans notre récit , il n’y a pas seulement le rapport homme/Dieu mais aussi le rapport jardin/homme. En quelque sorte, l’être humain est confié au jardin et le jardin est confié à l’être humain. Jardin et homme font partie de la même création et bien que cette création soit bonne, il y a une dialectique , un vis à vis à gérer qui ne va pas de soi…
La « menace »pour l’homme surgit, prend corps de cette dialectique (jardin/homme) toute interne à la création : le serpent est fils du jardin ! Il n’est ni fils de l’homme, ni fils du Diable (au moins dans notre récit!) Il peut être à la limite son cousin. L’un et l’autre sont expression de la création ! Le récit nous dit que le rapport interne à la création est problématique ; une voix se lève dans la création « pour faire alliance » avec l’homme et « tenter le coup » : devenir comme Dieu ! Mais devenir comme Dieu signifie manquer le but du destin de l’homme. Or dans la bible le mot pêché signifie littéralement manquer de but, passer à côté…Dans notre récit la mission confiée à l’ humain , c’est protéger la vie dans le jardin et s’épanouir grâce à ses richesses. Un homme qui devient un dieu est aussi un Tyran (disait A. Nouis)
On parle toujours de l’arbre de la connaissance du bien et du mal et de son fruit empoisonné et on oublie le deuxième arbre, celui de la Vie.
En effet la présence de ce deuxième arbre est très important ; Il ne faut jamais perdre de vue que les arbres sont 2 ; il y a celui de la connaissance du bien et du mal mais il y a aussi l’arbre de la vie.. Des millions de pages ont été écrites pour donner un sens et une interprétation de cet arbre ! L’interprétation aujourd’hui la plus répandue et acceptée est la suivante : l’Arbre de la vie serait un thème/sujet de l’ idéologie royale selon laquelle la divinité se sert de ce symbole pour rappeler au roi qu’il doit protéger la vie ! Dans l’Arbre, qui se trouvait dans le jardin à la cour du roi, celui-ci reconnaît la tâche « suprême » et divine d’être le défenseur et le gardien de la Vie. Si cet arbre de la vie n’est plus « l’occupation » du roi, le roi manque son but, sa mission divine…
Pour cette raison je disais avant que la voix du serpent menace le but et la vocation primordiale de cette créature royale qui est l’homme ! Rien d’étrange donc si l’interprétation juive nie totalement tout intérêt du texte pour des questions tels que la mort, le pêché et le mal. La question sur l’origine du pêché, du mal, de la mort n’ intéresse pas vraiment les auteurs de l’Ancien Testament… ; il s’agit de sujets qui intriguent la curiosité philosophique grecque (dont nous sommes enfants) mais qui laissent les auteurs de l’ancien testament indifférents.
Mais pourquoi l’être humain a toutes ces difficultés à suivre l’invitation de Dieu ? Finalement, chères frères et sœurs nous ne le savons pas… La réponse définitive reste un mystère et peut être qu’il n y a qu’une seule réponse, mais plusieurs raisons au fait que le cœur de l’ homme a tant de mal à s’approprier la parole de Dieu. Souvent même les auteurs bibliques renoncent à expliquer et il se limitent à constater : le cœur des humains est disposé au mal dès leur jeunesse. » Gen. 8.21
Jésus aussi dès le début de son ministère, « est profondément attristé de l’endurcissement de leur cœur – dit l’ Evangile- » est confronté à l’opposition de ses contemporains qui ne veulent surtout pas que la main du paralysé soit guérie le jour du sabbat.
Et Jésus lui aussi a dû se confronter avec la voix qui voulait le séparer de Dieu. Dans le désert il n’est plus question de serpent mais de Diable, c’est à dire de celui qui se jette au milieu (Dia-ballo : se jeter au milieu ) pour séparer…
Roland de Pury décrit ainsi l’expérience de Jésus dans le désert : au Jourdain Jésus a entendu une voix lui dire : tu es mon Fils bien aimé ! Maintenant une voix qui sûrement ressemble à la première et qui tente de se faire passer pour elle, lui dit : « Si tu es mon Fils bien-aimé, -du moment que tu es ce fils bien-aimé, -… écoute, si j’ étais le fils de Dieu, voilà ce que je ferais pour sauver les hommes. Trois choses : Je leur donnerais du pain (Tu ne vas pas te présenter les mains vides…!). Je leur ferais des miracles (Le goût du merveilleux, le besoin d’évasion et d’au-delà est plus grand encore que celui du pain). Et je les mènerais à la conquête du monde. (Le pouvoir est encore ce qu’ils préfèrent à tout). Voilà le Sauveur qu’ils attendent. Voilà le Sauveur que tu es »
Dans la première lettre aux Corithiens 15 , Paul parle de Adam et de Christ, le contexte est celui de la résurrection : « Le premier Adam -dit l’apôtre – a été créé de la poussière du sol ; le deuxième Adam (Christ) est venu du ciel … et de même que nous sommes à l’image de l’homme fait de poussière du sol, de même nous serons à l’ image de celui qui est du ciel » (v.49) Paul nous invite à recentrer nos vies autour du seul but de l’existence humaine : Jésus Christ qui est l’arbre de la vie et qui s’offre à nous pour la réconciliation ;
Incapable d’accomplir la tâche de protéger la vie, l’ homme trouve un secours et une aide en celui qui est le Roi des rois : Jésus Christ qui se charge d’être, en quelque manière à la place de Adam, le défenseur de la vie. L’être humain n’a plus qu’à se laisser protéger par ce Roi qui va permettre à toute la création (homme compris) d’avoir un avenir et une espérance.
Amen