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Qui était le prophète Malachie ?
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Qui était le prophète Malachie ?
5 novembre 2017 DRAGUIGNAN MALACHIE 1 v 14 à 2 v 10
Notre pasteur ayant souhaité que cette année nous fassions mieux connaissance avec l’Ancien Testament, nous regarderons de plus près aujourd’hui le texte qui nous est proposé dans le livre de Malachie. Cela tombe bien car pour ma part j’ai toujours rencontré dans l’A.T. le même Dieu proche, tendre et sauveur que celui que Jésus nous a annoncé. Normal, c’est le même Dieu !!!
Qu’est-ce qu’un prophète ? Certainement pas une « voyante » qui tire les cartes pour prédire l’avenir !
Le prophète c’est un porte-parole. Non pas celui qui prédit mais celui qui parle à la place de Dieu. Le prophète est celui qui transmet à chaque génération la Parole que Dieu met dans sa bouche pour intervenir aux moments critiques de l’histoire, là où tout peut tragiquement basculer, au point de non-retour où des décisions désastreuses risquent d’être prises, qui engageront irrémédiablement les générations futures… Aujourd’hui on aurait bien besoin de prophètes ! Mais serions nous assez ouverts pour les écouter ?
Ainsi, au moment où Israël se détourne de Dieu et succombe aux tentations, le prophète corrige le peuple, reformule les propos pour en dégager la vérité et les enjeux. Sa parole appelle à la Foi, c’est-à-dire à une soumission à un Dieu personnel. La prophétie appelle à passer de la sécurité à la Confiance.
Sa parole est tranchante : elle défriche le terrain, elle abat les certitudes, elle pose les vrais problèmes, ruine les projets néfastes, elle détruit l’arrogance des gros crâneurs. Elle nettoie les saletés, détruit le désordre, les mauvaises habitudes, les fausses idées sur Dieu. Mais sa parole agit aussi positivement : elle bâtit, elle répare, reconstruit, plante. La Parole du prophète crée une nouvelle relation avec Dieu.
Qui était le prophète Malachie ?
Ce fut le dernier des prophètes, certainement pas le plus connu, mais très important, puisque Dieu ne parlera plus à son peuple avant l’arrivée de Jésus-Christ, 460 ans plus tard. D’une certaine manière il en est le précurseur.
Certes c’est un « petit » prophète selon les classements bibliques (3 chapitres seulement). Nous ignorons son vrai nom, Malachie n’est qu’un pseudo signifiant « messager », car lui ne se considère pas comme important ; ce qui l’est c’est la Parole qu’il est chargé de transmettre, celle de Dieu, d’où la très grande fréquence de la mention «dit le Seigneur Tout-Puissant » dans son texte (43 % des versets). Certaines traductions disent même le Seigneur des armées. C’est Dieu qui parle à son peuple.
Pourquoi Israël a-t-il besoin d’un Seigneur tout puissant ou des armées ? Parce qu’à cette époque là, au 5° siècle avant JC tout n’allait pas si bien.
L’édit de Cyrus dont Anne vous a parlé il y a 2 semaines a permis en 538 aux déportés de revenir. Mais où sont-ils revenus ? Dans un pays en ruines, dévasté par la guerre, comme peut l’être aujourd’hui la Syrie. Dans un pays où seuls les petits étaient restés et avaient fini par occuper les terres abandonnées par les déportés 70 ans plus tôt.
Bien sûr ce peuple avait été boosté par la reconstruction du Temple et l’activité d’Esdras, dynamique prêtre à Jérusalem dont la grande réforme aura lieu quelques années plus tard, réforme qui répondra à cette injonction de Malachie.
Mais une fois cette reconstruction terminée l’enthousiasme retombe et le train-train reprend sa grisaille. Le peuple est angoissé, entouré qu’il est d’ennemis, effrayé par sa petite taille dans ce monde dont il a eu l’occasion de percevoir la grandeur à Babylone la belle. Le pays était sous le contrôle de l’empire perse. Israël était faible. Les juifs se demandaient « Où est la gloire ? Où est notre Dieu ? Nous a-t-il abandonné ? »
Alors il désespère de son Dieu, il a du mal à croire que celui-ci s’intéresse encore à lui, misérable petite chose dans le vaste univers. Le découragement avait émoussé leur foi.
N’est-ce pas aussi souvent notre cas quand nous nous voyons si peu nombreux à venir régulièrement au culte pour célébrer notre Dieu, tandis que dehors les guerres et massacres en tous genres grondent dans toute la planète ?
Et tout doucement le peuple élu de Dieu se laisse glisser vers le scepticisme voire l’indifférence à l’égard des préceptes de la Torah, des obligations du culte. On n’apporte plus que la brebis vieille et malade en sacrifice, et les prêtres ferment les yeux, parce qu’ils ont semble-t-il perdu tout respect (= crainte) pour leur service au Temple.
Et nous, apportons-nous toujours le meilleur de nous-mêmes en venant le dimanche matin et dans notre lecture personnelle de la Bible et notre prière ? Ou laissons-nous toujours une part de notre cerveau organiser nos activités, nos besoins financiers ou matériels tout en faisant semblant d’écouter ou prier ?
Mais Dieu, voyant son peuple désemparé et perdu, Dieu est triste pour lui, il est triste pour nous quand nous ne sommes pas ENTIEREMENT tournés vers Lui. Et il se penche une fois de plus sur ce petit groupe qu’il a élu pour enseigner au monde sa Gloire, sa Bonté et son Amour.
Alors Dieu envoie Malachie pour réveiller leur foi fragilisée. Malachie va donc scander son texte de cette phrase « L’Eternel des armées », car répétée encore et encore, elle devait rassurer le peuple. Dieu est là, prêt à défendre son peuple avec toute l’armée invincible du ciel. Il veut rassurer le peuple de la présence de Dieu, redire que Dieu est là avec eux, pour eux, mais, eux, il semble qu’ils ont les yeux bien fermés.
Ce texte veut aussi s’adresser à nous pour nous supplier de les ouvrir grands, pour voir sa présence dans nos vies et toutes les merveilles qu’Il fait pour nous …
Malachie dans notre texte ne fait rien d’autre que ce que dira près de 500 ans plus tard Jésus-Christ aux pharisiens. Il tape du poing sur la table des nantis et religieux privilégiés qui se servent volontiers eux-mêmes avant de servir le Seigneur.
La tribu de Lévi qui servait le Temple avait une alliance particulière avec Dieu (v5) « Mon alliance avec lui était vie et paix ». Son sacerdoce avait pour rôle d’enseigner le peuple, de le soutenir dans sa fidélité à Dieu, de l’encourager.
C’est pourquoi Malachie s’attaque particulièrement à eux qui devraient donner l’exemple et qui ne vivent que le contre-exemple, comme le feront plus tard les pharisiens hypocrites.
Son invective contre les prêtres est très dure car ils ont trahi leur vocation de modèle pour le peuple, et du coup celui-ci ne sait plus raviver sa flamme envers le Dieu sauveur.
Au commencement le sacrificateur était marqué par :
– la vie,
– la paix,
– la crainte du Seigneur,
– la loi de vérité dans sa bouche,
– l’absence d’iniquité sur ses lèvres,
– une marche avec Dieu dans la paix et la droiture,
– et la bénédiction se déversant sur d’autres, les détournant de l’injustice et les instruisant dans la connaissance.
Cette connaissance de la parole de Dieu permettait aux Lévites d’équiper le peuple avec la vérité, de les former pour la justice. Les gens avaient l’habitude d’aller chercher conseils et jugements auprès des Lévites, et les Lévites étaient censés guider le peuple avec droiture. Parce qu’ils avaient la crainte du Seigneur et parce qu’ils connaissaient sa parole ils donnaient des bons conseils et jugements pleins de sagesse. Nous apprenons que, par leur travail ils avaient « détourné du mal beaucoup d’hommes« (v6). Ils ont ainsi aidé les gens à faire les bons choix.
Aux jours de Malachie, comme plus tard aux jours de Jésus, ces sacrificateurs, prêtres ou pharisiens étaient tout autre, du genre « faites ce que je dis mais pas ce que je fais ». Ils s’étaient « écartés du chemin » (v8), ils ont fait trébucher beaucoup de gens par un enseignement falsifié, et du coup ils ont détruit l’alliance avec Lévi.
Et cette distinction entre l’être et le faire choque profondément Dieu comme Jésus. Malachie au nom de Dieu, puis Jésus plus tard, dénoncent ce culte qui sonne faux, ces tiédeurs dans le service, cette mollesse ou même ce dédain dans l’attachement au Seigneur. Et l’un comme l’autre accuse ces « modèles » qu’ils devraient être parce qu’ils sont responsables de la mollesse voire l’éloignement du peuple.
Malachie place chacun, prêtre et laïc devant ses responsabilités envers le Seigneur et le prochain.
Il jouera ainsi un double rôle :
1) en une période capitale où va se fixer le visage définitif du judaïsme postexilique, il sera le réformateur de la vie cultuelle et morale des individus,
2) et aussi le guide de la communauté tout entière.
Malachie appelle de tout son cœur une grande réforme de la vie spirituelle et justement aujourd’hui nous fêtons dans le monde protestant le dimanche de la Réformation. Fête encore plus solennelle en ces 500 ans de l’affichage des thèses de Luther.
Si on regarde bien le monde religieux du temps de Luther, il ressemblait beaucoup à celui de l’époque de Malachie, avec des « conducteurs » du peuple très peu soucieux de la spiritualité profonde de leurs ouailles et beaucoup plus prêts à en tirer des ressources financières pour la grandeur du catholicisme romain via les indulgences.
Luther qui lança à Erasme : « Votre Dieu est trop comme un homme« . Il a aussi crié « Laissez Dieu être Dieu ! » Et vous connaissez cette citation attribuée à plusieurs personnes qui dit « Dieu a créé l’homme à son image et l’homme le lui a bien rendu. » Les gens façonnent Dieu à leur image pour avoir un Dieu qu’ils puissent maitriser. Un Dieu qui ne demande pas trop. Et comme cela, ils ne craignent pas l’image de leur création.
C’est sur cette vision d’un Dieu peu exigeant, tout petit, que s’appuient les lévites du temps de Malachie, et c’est contre cette image falsifiée que s’élève le prophète : Dieu est grand, infiniment plus grand et plus puissant que vous ne pouvez l’imaginer, et le moins qu’on puisse faire quand il vous parle, c’est de l’écouter. Malachie enjoint donc le peuple à écouter la parole que Dieu a mise sur ses lèvres : faites moi confiance, respectez mes lois qui n’ont d’autre but que de vous aider à vivre, à vivre dans la paix, et n’oubliez jamais que JE SUIS AVEC VOUS.
Ne laissons pas le brouhaha de notre monde étouffer la Parole de notre Dieu et de ses prophètes. Soyons prêts à laisser Dieu nous parler, et prenons à cœur sa Parole de vie et de paix pour nous laisser guider sur son chemin.
Amen